• Que crève Noël

    Le cours des choses demeurait horizontal
    Par les érections les attentes
    Nous nous donnions la main
    Nous nous donnions la fin
    Les femmes les serpents
    Derrière les magasins les ronces
    Au fond des abribus
    Extrême onction floutée

    Dérobade des choses
    On ne savait rien
    On saignait on se signait
    Sous la brise du soir blanchi
    Un gamin flottait sur la Meuse
    Observé par ces faces saturées
    De hachis parmentier
    Et de rapports légistes
    Interstices de refrains éméchés
    Offices H.L.M givre et ordures
    Par les vagins les mots doux
    Assis autour d’arbres clignotants
    Entourés de dindes évidées
    Flocons de souvenirs gelés
    Fêtant ce qui n’existait pas
    Avec des nuques alanguies
    Nous nous donnions la main
    Nous nous donnions la fin
    Depuis ce panorama brouillé
    Faisant un tour feutré
    Du côté des dits indigents
    A la syntaxe dépiautée
    Prenant ce chemin de fugue
    Vers des lotissements rivés au silence
    A dos d’âne
    Rejouant à un putsch faussement vitaliste
    Va-et-vient d’automatismes
    Bifurcations sur vase
    Panoptique d’effluves piétistes
    Colporter demain
    Revêtu d’exil
    En priant

    Que crève Noël


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  • Retrouver l'innocence, désapprendre, dans une liberté quasi totale, aucun plan, aucune stratégie ne sous-tend l'élaboration de ce qui deviendra Tostaky (contraction de l'espagnol « Todo esta aqui » soit tout est là). Ces longs mois de rupture hygiénique leur ont permis de s'ouvrir à de nouvelles influences musicales allant de Fugazi, Sonic Youth, Henri Rollins en passant par les Young Gods et autres Thugs.  Ils composeront leur album avec le producteur de Fugazi dont ils ont apprécié la radicalité. L'enregistrement se voudra plus que jamais proche des conditions d'un live, insistant sur la nécessité d'une interaction de tous les instants entre les divers musiciens.

    La plupart des chansons se préparent en " yaourt ", mais les sonorités sont issues de circonvolutions singulières, de la magie qui relie les membres de manière quasi autodidacte, sans système  asphyxiant. Hors de question  de s'aplatir, d'enfiler des manteaux aux atours plus courtois et conviviaux !

    Demeurer dans l'urgence, en phase avec ce qui se passe autour d'eux, comme s'ils avaient encore quinze ans, un état qui transcende les années, un état d'âme qu'ils entretiennent complaisamment.

    Entre sauvagerie et intimisme, érotisme  mutin et contestation politique, cet opus n'en demeurera pas moins un bloc de granit unifié par des assises plus solides que jamais. Ils vont crever leurs rêveries  d'une lame à décimer les anges, se faire des échardes partout où il le  faudra, s'écorcher pour de bon, comme pour ouvrir le torrent d'une agonie qui se renie et se déploie à la fois. Ils vont avec cet album produire un son d'une densité inégalée en France.

    Quant aux textes, la radicalité est au rendez-vous plus que jamais. Cantat sait s'évanouir dans ses mots simples avec les yeux d'un enfant qui n'a  pas renoncé à lui-même, avec la tendresse  au bord des lèvres et la cruauté dans les notes, une bouche à dire des choses infinies, des paroles qui forment une  liturgie sans Dieu mais proférée avec une soif de sacré, des signes qui se perdent dans les vagues de salles enfumées et enivrées de mauvaises bières.

     

    Pour mettre en éruption ce qui peut rester d'extase au cœur des gamins qui viennent les voir, pour se consacrer au sens propre et figuré,  incessamment en route vers des cieux de foudre et des promesses d'ailleurs, les plaies grandes ouvertes sur l'inconsolable dureté du monde réel, si vomitif qu'il en allaite du vide via tous ses médias et  sème de l'absurde dépourvu de la moindre beauté, de la moindre gratuité,  négationniste de ses déchirures et de son fiasco, un monde qui fomente le désespoir et n'a pour seule mission que de sauver ses  apparences


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  • Nuits en enfilade
    Songe-creux dérivant
    Foule dormante pour une part
    Dans un bleu froid
    La mémoire vole l'avenir
    Derrière la somnolence
    D'un brodage ombré

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  • Approche factuelle, esthétique, poétique et philosophique d'une trajectoire humaine.


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  • Et puis se taire, blotti dans des couvertures jetables et rêches, moins confortables que celles prêtées par la SNCF. Un tapis de sang s’étale au quatrième étage, c’est Julie qui a encore décidé de se scarifier, les vœux de sortie en débâcle. Sa souffrance me répugne autant que l’indifférence du corps hospitalier à son égard. Il faudrait leur fracasser les os une bonne fois et qu’on en parle plus, à eux tous. En attendant, je dresse la liste de tout ce que je vomis entre ces murs : je hais les sourires faussement bienveillants des infirmières qui ne pensent qu’à refaire leur teinture, les sons de bouches asséchées par les traitements, les adolescents qui crachent sur leur famille parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour attendu, les familles qui rasent les murs comme des rats à la recherche d’un bout de fromage, l’arrogance du Directeur dans sa façon de te regarder comme un objet abandonné, l’humour du balayeur qui a trois mots à son vocabulaire et ne semble pas réaliser qu’il travaille en enfer, les éclats de rires totalement incongrus en ces lieux, les caprices des syndiqués qui se barrent au moindre prétexte simuler des manifestations catégorielles pour en branler encore un peu moins, la bonhomie facile de l’assistante sociale chargée du bon côté des choses, les docteurs irréprochables qui ne font que passer pour prendre la tension, l’horizon avec ses putains de nuages aux mêmes contours grossiers, les flagorneries de mes amis prenant des nouvelles tous les 5 du mois, les surnoms adoptés par la cohorte de débiles qui m’entourent, le conformisme aveugle des conduites adoptées par les ouvriers chargés de repeindre les murs, le bonheur crétin des camés reprenant une ligne adjointe à un pétard de piètre qualité issu d’Ivry, les lunettes de Florence qui la font ressembler à Eva Joly, la lumière blafarde du réfectoire qui pue la mort, le professionnalisme désincarné généralisé, les expressions recuites et caduques à base de « ça le fait » qui tournent en boucle dans la cour jonchée de chiures de pigeons, les radios branchées sur Nostalgie, les discussions de pétasses concentrées sur le meilleur cosmétique pour masquer les retours d’acné, la couleur des bureaux proche d’un gris cercueil,  le bronzage du responsable de cours de danse qui fait passer Jack Lang pour un taulard  norvégien, les odeurs d’urine et les flaques qui te reflètent sur le carrelage brun, les histoires d’anciens détenus mûres pour les grosses têtes, la fausse communion entre nous, les sonneries de téléphones portables faussement personnalisées, les vêtements mal repassés qu’ils nous refilent comme des présents, les cloches de l’église de St Maurice qui parviennent inutilement jusqu’ici, le sectarisme des footeux quand il est question de décider du programme Tv, le soleil qui ne se montre jamais, la putain de sensation de soumission que certains te transmettent par un simple regard, la négligence qui m’a valu de me retrouver là, et surtout, les gens libres, dehors, qui ne le savent même pas.


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