• Paul Ricoeur, les sentences du banal.

    Paul Ricoeur, les sentences du banal. En guise d'introduction de son article "Tolérance, intolérance, intolérable (1990, Lectures 1, autour du politique, Seuil éditions, 1991), Ricoeur prévient : "Le discours sur la tolérance court deux dangers : celui de la banalité et celui de la confusion". Il tombera malheureusement dans l'un et l'autre de ces écueils. Tout au long d'un chapelet de rappels naïfs, de voeux pieux, de distinctions spécieuses, et d'interrogations stériles, loin de contribuer à dissiper la confusion des niveaux entre droit, mentalités, traditions culturelles, concept de tolérance, d'intolérance, ou d'intolérable, tout l'article s'en sort par des pirouettes sémantiques évasives, déresponsabilisant l'auteur quant à son incapacité à fournir des concepts stables qui tiennent le corps de sa pensée. Il va emprunter à John Rawls son idée de justice, non sans l'égratigner au passage d'une pique narcissique : "Je laisse de côté l'habillage contractualiste dont Rawls revêt ce principe et que je tiens pour une fable dialectique" (P.300). Il sera donc question au fil des pages de minimiser la victimisation des individus via un Etat de droit assumant une "égalité des chances". Trouver la juste répartition pour s'opposer au principe sacrificiel du bouc émissaire. Le grand Saint-Augustin se verra accuser d'une "déplorable exégèse"(p.297) quant à sa lecture du verset de l'Evangile de Luc, tiré de la Parabole du Grand Festin : "Contrains-les d'entrer". Au sein d'un rare passage instructif se détachant notablement de ces tartines de mièvrerie, l'on pourra apprécier son analyse de l'échange symbolique entre l'Etat et l'institution écclésiastique véhiculant onction et sanction, la République récupérant des miettes de sacralité symbolique contre sa protection séculière des croyances désormais mises en minorités. L'on apprendra, plus loin, ébahi, que "la fonction de la loi est ici d'empêcher que l'expression de la liberté de l'un empiète sur l'expression de la liberté de l'autre"(p.300). Quelle révélation. Le bal des évidences se poursuit avec la régularité d'un escargot rencontrant une limace, la citoyenneté égale implique que chacun a droit à une liberté égale à celle de tout autre individu ou groupe, qu'il y a des inégalités matérielles, patrimoniales ou financières, culturelles, de tradition ou d'autorité morale, et qu'il faut diminuer tant que faire se peut ces désavantages. Autre grande révélation : "L'impulsion à imposer à autrui nos propres convictions. Cela est vrai qu'il y a quelque chose de potentiellement intolérant dans la conviction : nous n'admettons pas facilement que ceux qui ne pensent pas comme nous aient le même droit que nous à professer leurs convictions, parce que, pensons-nous, ce serait donner un droit égal à la vérité et à l'erreur" (P.304). Nietzsche a traité cette problématique de façon nettement plus convaincante avec la question des rapports de puissance. Comment Mr Ricoeur compte quant à lui régler ce problème radical ? Puisque les principes de justice ne peuvent trancher ces questions affectives et psychologiques, limités par leur formalisme institutionnel, seule "la présomption que l'adhésion d'autrui à ses croyances est elle-même libre"(P.305) instaurerait l'accès au respect, à la dignité et à l'égalité générale. Il suffisait d'y penser. Le seul frein à la violence, accepter l'erreur d'autrui, en envisageant ses propres convictions du dehors, via on ne sait quelle perspective objectivante, cela n'est pas précisé, pour les relativiser et faire baisser la violence intrinsèque à toute forme de conviction ou de système de valeurs. Bienvenue au Royaume des voeux pieux. Il faudra expliquer tout cela aux laïcs forcenés qui refusent lee port de signes religieux au motif que cela affecterait la liberté de leurs porteurs, même quand ces derniers crient haut et fort les assumer en toute conscience et liberté.. Le summum de l'arbitraire naïf est atteint au cours du passage suivant : "Quel est le critère de l'intolérable ? Il ne peut y en avoir qu'un seul : c'est ce qui ne mérite pas le respect, si le respect est la vertu de la tolérance au plan culturel. Ce qui ne mérite pas de respect, parce que fondé précisément sur l'irrespect, à savoir le refus de présumer la liberté d'adhésion dans la croyance adverse."(P.306) Cette appréhension éthique est de nature parfaitement sophiste, en effet, les exemples pleuvent d'individus parfaitement conscients de cette liberté d'adhésion d'autrui, capables même de tolérer des opinions ou comportements, sans pour autant et à aucun moment les respecter. Il ne s'agit plus que d'un respect formel de droit, non positif, soumis contrairement au souhait de Ricoeur à la loi du plus fort, à savoir la crainte des sanctions du Léviathan étatique. Un respect de soumission, non d'ouverture ou d'adhésion. Ce respect virtuel et imaginaire n'est qu'une coquille vide, une façade désincarnée, privée de puissance, toujours prête à se fendiller pour laisser apparaître son envers, "l'intolérable" sécrété par le refus du fameux "vivre-ensemble". Par ailleurs, Ricoeur, pris dans cette utopie de reconnaissance mutuelle baignée dans un océan de diversité chatoyante, en appelle au "Grand Code" de William Blake, plongeant dans un mysticisme de pacotille où, à travers l'altérité, de façon soi-disant latérale, chaque tradition ferait un pas vers l'autre, au sein d'un grand espace de rencontre symbolique. L'actualité mondiale nous démontre chaque seconde à quel point ces idées sont pétries de naïveté. Vouloir établir un schéma de transcendance ne peut se faire avec désinvolture, il faut qu'il s'ancre un minimum dans de l'effectif, du concret et des exemples historiques. Et en l'occurrence, Ricoeur semble apprécier l'apport des Lumières, les aveux de finitude qu'il a su imposer au christianisme, oubliant au passage son terreau de barbarie, d'intolérance maximale et d'intolérable pur. Ce qui infirme en un sens son refus de l'abjection, puisque sur ce fumier de violence radicale sont sorties des pensées et un état social qu'il semble nettement respecter. La finitude de l'Esprit en est son fruit central. Sa conclusion est à l'image de l'aveuglement occidental contemporain : " L'intolérable n'a de place qu'aux deux niveaux antérieurs : il désigne, d'une part, ce que le consensus conflictuel de ma culture tient pour inacceptable : l'abject, indigne de respect, parce que lui-même sans respect, d'autre part, la pulsion toujours renaissante du pouvoir politique à dire la vérité au lieu de se borner à exercer la justice, ce qui est la suprême ascèse du pouvoir" (P.312) Oui, il parle bien de sa culture, de ses consensus, aucun idéalisme transcendant authentique aussi prisonnier de tels déterminismes ne peut prétendre établir de jonction humaine à vocation universelle, ni de règles communes, encore moins de valeurs communément acceptables. Quant à un pouvoir qui se serait borné à exercer strictement la justice sans chercher à dire la vérité, l'on attendra longtemps un seul exemple.


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  • Europe : ses formations incohérentes

     

     

    Au moment ou l’Italie dévoile une vague eurosceptique qui vient alourdir le bilan politique de ces dernières décennies en termes d’adhésion populaire, il semble pertinent de se pencher sur le corpus intellectuel qui régit les élites européennes. Et force est de constater que les manuels de formation à destination des candidats préparant les divers concours de l’Union européenne (ceux d’administrateur, d’assistant et de linguiste), sont émaillés de fautes sémantiques lourdes, de présentations erronées, ainsi que d’interprétations arbitraires via notamment leurs tests de « raisonnement verbal. »

     

    Appréhender l’instance de réflexion qui conduit l’action de ses dirigeants permet de saisir la nature de leurs manières et pratiques. En ce qui concerne l’Ue, ce domaine prend sa source au coeur de ses formations d’administrateurs. La qualité de la rationalité qui s’y dégage laisse assez pantois pour qui trouve le temps de les analyser en profondeur. Censé véhiculer les valeurs et techniques d’analyse caractérisant la pratique européenne, promouvoir les compétences, éviter les contresens, extrapolations, confusions, déductions et autres interprétations abusives, le manuel 2014-2015 préfacé par Michel Barnier, est, au sujet de pas moins de sept tests fondamentaux,  frappé d’illogisme et d’incohérence.

     

    En voici le détail :

     

     

     

     

    Question 31, p.96 : « Une enquête Eurobaromètre sur le climat social dans l’UE (enquête de terrain menée entre le 25 mai et le 17 juin 2009) montre que les citoyens européens sont pessimistes quant à l’évolution de leurs conditions de vie et de leur situation professionnelle au cours des douze prochains mois. Dans tous les pays, les citoyens ont tendance à penser que la situation générale va encore s’aggraver, en particulier en ce qui concerne l’économie, l’emploi et le coût de la vie. L’enquête révèle également que de nombreuses personnes ne sont pas satisfaites des principales politiques mises en oeuvre dans le domaine social, notamment les prestations de retraite et de chômage. De plus, les citoyens européens sont préoccupés par les inégalités et la pauvreté, ainsi que par les relations entre personnes appartenant à des milieux culturels différents ou de nationalités différentes. Cette enquête sera renouvelée chaque année. »

     

    Réponses proposées par le manuel :

     

    A : les principales politiques mises en oeuvre dans le domaine social ont conduit à une augmentation des inégalités et de la pauvreté.

     

    B : Les sondages montrent que les citoyens européens ne prévoient pas une reprise économique avant plusieurs années.

     

    C : Les citoyens européens sont inquiets face à la xénophobie.

     

    D : la situation professionnelle et financière des citoyens européens va se dégrader au cours des douze prochains mois. 

     

    La bonne réponse à ce test selon le manuel est la C ! Pourtant, à aucun moment, il n’est question dans ce texte d’une crainte de xénophobie. La préoccupation peut tout signifier, aussi bien un intérêt qu’une angoisse mais n’est pas synonyme du mot xénophobie.

     

    Question 69, p.107 :

    La théorie de la récapitulation, aujourd'hui en désuétude, a été initiée par Ernst Haeckel. Elle affirme que l’ontogenèse récapitule la phylogenèse, c’est-à-dire que le développement individuel d’un organisme se fait en reproduisant les étapes de l’évolution de certains de ses ancêtres. Dans la pratique, l’énoncé de Haeckel n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux ; chaque génération hérite bien du capital génétique ayant permis à la précédente de survivre mais pas nécessairement de celui de toutes les espèces l’ayant précédée. N’est transmis, sur plusieurs millions de générations, que ce qui est utile aux différentes phases du développement de l’embryon ( ce qui inclut, pour un mammifère, son développement dans le milieu amniotique), mais ne sera pas conservé le bagage dont l’entretien serait inutile, et a fortiori nuisible.

     

    Réponses proposées par le manuel :

     

    A : Il est admis que l’ontogenèse récapitule la phylogenèse.

     

    B : L’émergence de la génétique a en partie invalidé la théorie de Haeckel.

     

    C : Selon Haeckl, le développement d’un organisme se ferait en reproduisant les étapes de l’évolution de tous ses ancêtres.

     

    D : Le capital génétique est intégralement transmis et conservé de génération en génération.

     

     

    La formulation de la question est contradictoire, en effet, elle évoque une théorie scientifique accusée de défendre un héritage génétique de « toutes les espèces précédentes » pour un organisme vivant, tout en évoquant l’idée plus précise de « certains de ses ancêtres ». Bref avec un tel énoncé, on ignore de quoi retourne réellement cette théorie et  le candidat ne devrait pouvoir se prononcer en faveur d’une quelconque réponse à moins de maîtriser déjà en détail la théorie dont il est question.

     

    Question 95, P.113 :

    « L’histoire de l’algèbre linéaire commence avec René Descartes, qui le premier, pose des problèmes de géométrie, comme l’intersection de deux droites, sous forme d’équation linéaire. Il établit alors un pont entre deux branches mathématiques jusqu’alors séparées : l’algèbre et le géométrie. S’il ne définit pas la notion d’espace vectoriel-, il l’utilise déjà avec succès. Après cette découverte, les progrès en algèbre linéaire vont se limiter à des études ponctuelles comme la définition et l’analyse des premières propriétés des déterminants par Jean d’Alembert. Ce n’est qu’au XIXè siècle que l’algèbre linéaire devient une branche des mathématiques à part entière. Carl Friedrich Gauss trouve une méthode génétique pour la résolution des systèmes d’équation linéaire et Camille Jordan résout définitivement le problème de la réduction d’endomorphisme. En 1843, William Rowan Hamilton (inventeur du corps des nombres complexes) découvre les quaternions (extension du corps des nombres complexes). Le début du XXè siècle voit la naissance de la formalisation moderne des mathématiques. Les espaces vectoriels deviennent alors une structure générale omniprésente dans presque tous les domaines mathématiques, notamment en analyse (espaces de fonctions).

     

     

    Réponses proposées par le manuel :

     

    A : L’algèbre linéaire  repose sur la notion d’espace vectoriel.

     

    B : Avant le début du XXè siècle, l’algèbre linéaire n’était pas une branche des mathématiques à part entière.

     

    C : Depuis René Descartes, les progrès en algèbre sont continus.

     

    D : William Rowan Hamilton est le véritable inventeur de l’algèbre linéaire.

     

    Bien que la réponse A soit valide, la C devrait l’être également, en effet, pour tout citoyen normalement cultivé, ce n’est pas une extrapolation mais une rétention tertiaire d’affirmer que l’algèbre linéaire a continué de progresser tout au long du 20ème siècle.  Il est regrettable d’imposer systématiquement une lecture littérale des textes au risque d’induire un comportement intellectuellement suiviste et passif des futurs administrateurs.

     

     

     

    Question 101, P.115.

    Thomas Pynchon est un écrivain américain né en 1937 à Glen Cove, sur Long Island, dans l’État de New York. Après avoir étudié deux ans le génie physique à l’université de Cornell, il entre dans l’US Navy en 1956. À sa publication en 1963, son premier roman, V., reçoit le prix de la fondation William-Faulkner du meilleur premier roman de l’année. Pynchon passe ensuite son temps entre New York, au début des années 1990, a relancé l’intérêt des journalistes. En 1997, une équipe de CNN a réussi à le surprendre dans Manhattan.

     

    Réponses proposées par le manuel :

     

    A : Thomas Pynchon a écrit son plus célèbre ouvrage à New York.

     

    B : Thomas Pynchon est né à New York et y vit depuis le début des années 1990.

     

    C : Thomas Pynchon est discret sur ses lieux de résidence.

     

    D : L’arc-en-ciel de la gravité se déroule principalement à Manhattan Beach.

     

    La bonne réponse à ce test toujours selon le manuel est la C. Cette fois, quelle étrange extrapolation, l’imprécision journalistique quant à la résidence d’un auteur ne  présente en soi aucune information sur le comportement psychologique d’un auteur à l’égard de ses lieux de vie. 

     

     

      

    Question 109, P.117 :

     

    « Voilà une information qui réjouira ces messieurs : 6 heures de ménage par jour pourraient réduire le risque de cancer du sein de 13%. 2 heures 30 diminueraient le risque de 6%. Cette étude, menée sur 257 805 femmes en Europe, a permis d’examiner 8034 nouveaux cas de cancer diagnostiqués sur onze ans. Les chercheurs on analysé plusieurs critères comme la fréquence et l’intensité de l’activité physique, le poids, la consommation d’alcool, parmi d’autres facteurs pouvant favoriser le cancer du sein. Au total, les femmes qui font de l’exercice physique très régulièrement, même modéré, diminuent fortement le risque de cancer. »  

     

    Hormis le ton que certains pourront qualifier de sexiste, la réponse D, dite correcte, déclare, en se déduisant de cette « enquête », « qu’une activité physique régulière » réduit le cancer du sein, sans en préciser la nature ni la durée. Cette étude affirmerait un barème minimal de 2h30 par jour. Cette réponse est particulièrement inadéquate de par son flou.

     

     

    Question 111, p.118 :

     

    La couleur bleue qui correspond à une réponse valide est apposée à une réponse erronée, en l’occurrence la A.  

     

     

     

    Question 106, P.116 :

     

     

    « En juillet 2012, le gouvernement grec a lancé la campagne « Xenios Zeus » dans le cadre de son plan de lutte contre l’immigration illégale, devenue le deuxième plus gros problème après la crise économique. Fin août, déjà, 2085 immigrants illégaux avaient été arrêtés, dans l’attente d’être renvoyés verseurs pays d’origine. Le gouvernement a également l’intention de construire de nouveaux centres de détention. La campagne « Xenios Zeus » est largement soutenue par le peuple grec, même si le choix des lieux pour implanter les nouveaux centres de détention reste un problème. L’envolée du nombre de crimes racistes ces derniers mois a pris une tournure politique avec l’entrée du parti néo-fasciste « Aube dorée » au Parlement.

     

    Choix de réponses :

     

     

    A : L’immigration illégale contribue à aggraver la situation de crise économique.

     

    B: Le peuple grec est favorable aux arrestations d’immigrants illégaux et à leur renvoi dans leur pays.

     

    C : Les Grecs, exaspérés par les immigrants illégaux, ont commis des crimes contre certains d’entre eux.

     

    D :Le parti néofasciste « Aube Dorée » n’est pas étranger à l’envolée du nombre de crimes racistes ces derniers mois.

     

    La « bonne réponse est la B…

    Réponse caractérisée encore une fois par une extrapolation généralisante, en effet, ce n’est pas parce qu’une campagne médiatique prétendant lutter contre l’immigration illégale est ponctuellement soutenue (via tel ou tel sondage…) par « la population » à l’aune d’une crise migratoire gigantesque que l’on peut en déduire que tout le peuple soutient les arrestations et les expulsions d’étrangers. À fortiori, la pratique grecque à cet égard s’est révélée particulièrement laxiste bien au contraire (étant entrée dans un rapport de force avec l’Ue justement).

     

     

     

     

    Question 116, p.119 : 

    « Un automne politique « chaud » est imminent en Pologne, alors que l’impact de la crise dans la zone euro commence à se faire sentir dans le pays. Les recettes fiscales seront inférieures à ce qui était initialement prévu par le Budget de l’État, rendant la réduction du déficit public très difficile. De plus, les exportations, le moteur de la croissance polonaise, ralentissent, et le taux de chômage est le plus élevé des six dernières années. Le principal part d’opposition de droite, Droit et justice, utilise ces évènements pour lancer une campagne contre le gouvernement. Ls syndicats ont l’intention d’organiser des manifestations contre les réformes, en particulier contre le projet  de recul de l’âgée de la retraite à 67 ans. Le président Bronislaw  Komorowski s’efforce de calmer l’opinion et de promouvoir l’intégration européenne comme un projet attractif pour sortir de la crise actuelle.

    La réponse A (les exportations polonaises vers la zone euro ralentissent) est validée.

     

    Pourtant à aucun moment, le texte de présentation ne stipule ni ne sous-entend que les exportations polonaises sont dirigées principalement vers l’Ue, cette fois, le candidat est invité à extrapoler en vertu de son savoir immanent en transgressant une lecture littérale (règle régissant pourtant ces exercices).

     

     

     

    À travers les différents tests proposés dans ce manuel, l’impression dérangeante de vouloir former des esprits suivistes et soumis plus que critiques, autonomes et informés, gagne le lecteur. Il est essentiel d’interroger les motifs logiques sous-tendant la validité normative d’un régime politique, faute de quoi l’on s’ouvre à des approximations subjectives particulièrement dangereuses pour les démocraties européennes.

     

     

     

     

      Référence :

    Préparer les concours européens. Volume 1 - Les tests de présélection sur ordinateur - Edition 2014-2015

    Auteur(s) :

      Nicolas Dross

       

      Laure Gaillochet

      Martin Pouliot

       

      Sandra Sornin

      La Documentation française

    Editeur :

      La Documentation française

     

    Année d'édition : 2013


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  • Frankenmonkey, le clonage des primates.

     

    Des primates viennent d'être clonés, c'est une première mondiale. Nos plus proches cousins, comme l'on a coutume de les qualifier, se porteraient bien, sous cette incarnation d'un genre nouveau. L'exploit scientifique s'est déroulé à Shangaï, sous la houlette des jeunes chercheurs Qiang Sun et Muming Poo, travaillant pour l'Institut de neurosciences de l'Académie des sciences chinoises à Shangaï. Ces expérimentations répondent positivement aux recommandations sur la recherche chez les animaux édictées par les Instituts nationaux de la santé des Etats-Unis. Ces autorités sont culturellement favorables au clonage, que ce soit sur le plan des recherches fondamentales que d'un point de vue strictement sanitaire. La question de leur légitimité à décider pour le reste du monde est posée. Techniquement, cette équipe chinoise a contourné la reprogrammation altérée du noyau de cellule différencié qui lors du transfert ne se recombinait pas correctement (ce qui débouchait sur une descendance non viable chez les primates) en utilisant des drogues épigénétiques. Comme toujours, la première justification éthique des équipes concernées se situe dans le domaine médical, assurant que le but visé (à savoir l'obtention de "lignées" génétiquement identiques) permettra de modéliser les problèmes de gènes défectueux et donc de luttter contre les nombeuses maladies humaines qui y sont relatives. Ce clonage de primate est le dernier stade de duplication avant l'humain, en attendant d'y parvenir, il faut se pencher sur l'étude parue dans Science Advance qui prédit l'extinction complète des singes dans 25 à 50 ans. L'individuation organique passe par la diversité biologique, et il est assez cynique de constater que les défenseurs du clonage prétendent réinjecter des espèces disparues alors que cette pratique contribue à l'élimination des espèces (notamment en justifiant la capture pour approvisionner les laboratoires). Quid de la notion d'origine si des êtres conscients naissent de telles expériences ex nihilo ? Quid du principe de généalogie, d'identité, de passé et donc de temporalité ? Ne pas envisager le risque maximal lié à cette pratique, à savoir bel et bien le clonage humain, c'est au minimum de la dénégation, le plus sûrement un pari fou sur l'avenir. Le bilan de ces expériences n'est pas comptable, et ne peut se limiter à la question médicale, mais est bien ontologique, à savoir rationnel. L'amélioration du genre humain passe-t-elle pas l'anéantissement de sa nature propre ?


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  • « au pays des voix, il n'y a rien à voir, juste quelque chose à entendre. »
     

    Walter Benjamin. Ecrits Radiophoniques.


    Nija bila noc’.
    Ils seraient lovés au creux d’un jour parfait, les protagonistes de Wenders, avec un Wurlitzer pour accompagnateur sonore, lentement portés par la douceur de l’inchangé.

    Elle serait chafouine et rigide, lui gentiment intrusif.
    La chaleur reviendrait malgré eux en promesse de familiarité pour leur terrasse de villégiature. Le regard posé sereinement sur des feuillages reverdis et l’intérêt pointé  en direction de vergers tremblés  sous une brise compréhensive.  L’enfance des uns s’adresserait, du bord des sourcils,  aux sourires des autres, se racontant avec le ton propre aux devinettes, en un chuchotement vif, bientôt oublieux de ce ressentiment pourtant central.  Un élan premier soutiendrait le mouvement des heures,  saignée providentielle. Fuiterait la sensation illicite d’être propulsé hors d’un confort bidonné, l’humus et la finitude des choses s’imposeraient alors, creusant le mystère des mémoires, autour d’une table silencieuse, soutenant une présence indéracinable. Ils seraient lovés là, sans la moindre paraphrase. A posle…

    Film de Wim Wenders, 2016.


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  • " Le temps trompeur nous dissimule ses traces, mais il passe, rapide."
    Li Po


    La ligne Hamon, entre fausse fronde et soutien implicite à l’état d’urgence et à la répression de l’internet.




    En ces temps de campagne Présidentielle, alors qu’Hamon se produit à Bercy, il est toujours bon de se rafraîchir la mémoire.
    Préparant des simulations de motions de censure, organisées dans une précipitation volontaire, écartant des soutiens (y compris gaullistes) qui auraient largement pallié aux deux voix manquantes, ne s’opposant pas réellement aux prorogations de l’état d’urgence, les frondeurs qui forment et encadrent la ligne Hamon sont nés de l’imposture.1


    Ayant laissé un Gouvernement mettre la Justice sous tutelle (Décret du 5 décembre 2016 portant création de l’Inspection générale de la Justice), casser un siècle de luttes sociales (loi El Khomri du 9 août 2016), cette mouvance soi-disant dissidente n’a en fait pratiqué qu’une collaboration implicite de tous les instants à l’égard de la politique liberticide des Gouvernements Valls. Dès 2000, Christian Paul, le bras droit d’Hamon en matière des questions de Défense, dont l’ouvrage « L'entourage militaire du président de la IIIe République, 1871-1939 «  était fort pertinemment cité au sein du travail « Politiques de l'ombre. L'Etat et le renseignement en France. », fournissait les armes juridiques pour son camp alors en mode cohabitation pour restreindre gravement la liberté de l’internet. Intitulé cyniquement « Du droit et des libertés sur l’Internet, la corégulation, contribution française pour une régulation mondiale », ce rapport délétère avançait les pions de la surveillance généralisée sous-tendant l’état d’urgence Vallsien. Évoquant le concept de communication au public alors que l’internet est de par son arborescence structurelle une communication du public, ce glissement sémantique ouvrait la justification d’un contrôle étatique arbitraire de ses pratiques, euphémisé par la formule d’“interrégulation” institutionnelle.
     

    « Un nouveau cadre juridique de la communication au public doit être défini pour les services en ligne. Le cadre juridique actuel, qui regarde l’internet comme un service de communication audiovisuelle, doit être  réformé  en  mettant  fin  à  l’ambiguïté  que  recèle  actuellement  une  catégorie  de  “communication audiovisuelle”  entendue  trop  largement.  Il  convient  de  consacrer  une  nouvelle  catégorie  juridique  de "communication au public", en posant un principe de liberté de la communication au public. »2


    Le vide juridique présidant jusqu’alors aux destinées communicationnelles des usagers du net bénéficiait objectivement au principe de liberté d’expression. Son encadrement par voie législative, sous couvert de protection de la dignité humaine, Christian Paul ne faisait que la bafouer.


    Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le chef des « frondeurs » décidait de s’abstenir régulièrement lors de la plupart des prorogations de l’état d’urgence ou motions de censure, y compris proposées par les bancs de droite. Il n’était donc aucunement question d’opposition mais bien de collaboration passive.





    Christian Paul disait écouter le gouvernement et ses arguments, sans jamais signifier la nature de son vote.
    Et pour cause, il s’abstenait. Cela ne l’empêchait pas de déclarer de « très fortes réserves »3 et se soucier parfaitement hypocritement des dérives induites par son propre travail, considérant que « l’état d’urgence pouvait régler d’autres problèmes d’ordre public qui peuvent survenir dans la même période mais qui concernent d’autres domaines ».4

    Attitude parlementaire du chef des « frondeurs » à l’Assemblée nationale :


    Analyse du scrutin n° 1316
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 8 de M. Larrivé et l'amendement identique n° 89 de M. Jacob après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).


    Ne s’est pas opposé.




    Analyse du scrutin n° 1317
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 7 de M. Larrivé et l'amendement identique n° 88 de M. Jacob après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).


     Ne s’est pas opposé.



    Analyse du scrutin n° 1321
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 92 de M. Jacob après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).

    Ne s’est pas opposé.




    Analyse du scrutin n° 1318
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 52 de M. Ciotti après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).



    Ne s’est pas opposé.



    Analyse du scrutin n° 1319
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 30 de M. Ciotti après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).


    Ne s’est pas opposé.



    Analyse du scrutin n° 1320
    Deuxième séance du 19/07/2016Scrutin public sur l'amendement n° 83 de M. Le Fur après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).

    Ne s’est pas opposé.



    Scrutin public sur l'amendement n° 83 de M. Le Fur après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).




    Analyse du scrutin n° 1322
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 108 (rect) de la commission et l'amendement identique n° 109 (rect) de M. Jacob après l'article premier du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).

    Ne s’est pas opposé.


    Analyse du scrutin n° 1323
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 97 de M. Jacob après l'article 2 du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture)

    Ne s’est pas opposé




    Analyse du scrutin n° 1325
    Deuxième séance du 19/07/2016
    Scrutin public sur l'amendement n° 32 de M. Ciotti après l'article 2 du projet de loi prorogeant l'application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence (première lecture).

    NE S’EST PAS OPPOSE



    (1) http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2016/05/12/25006-20160512ARTFIG00296-motion-de-censure-coup-de-bluff-des-frondeurs-ou-reel-echec.php


    (2) http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/004001056.pdf. p.66


    (3) http://www.humanite.fr/christian-paul-avant-toute-reforme-il-faut-dresser-un-bilan-de-la-mesure-593870
    (4)  Ibid


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