• la possession rock (contradictions de positionnement).

     

     

    Le groupe s'est toujours situé dans un rapport de force avec les puissants, refusant toute forme d'instrumentalisation, mais se pose toutefois la question de la légitimité d'une récupération de l'artistique au profit d'un positionnement politique, même quand il s'agit d'une politique sans bannière. N'y-a-t-il pas usurpation d'identité et imposture à se proclamer citoyen détenant une vérité suffisamment légitime pour être diffusée collectivement, en utilisant une notoriété qui amplifie par avance la prise de parole, ne la place plus sur le même plan que celle de Mr « Dupont » ?

     La dépolitisation de l’artiste et de la sphère culturelle plus généralement (bien que l'on puisse discuter de la neutralité réelle des productions contemporaines, qu'elles se veuillent transgressives ou conformistes, elles optent toujours consciemment ou non pour un camp ou un autre) est visée par la formation. Noir Désir propose alors de se rebeller contre le désenchantement des idéologies politiques au profit d'un positionnement de résistance et d'autonomie hors toute institution, avec pour projet une sorte de revitalisation de la socialisation, mais sans couleur idéologique précise.

    La défiance du groupe à l’égard des élus ne date pas d'hier, leurs critiques envers le maire de Bordeaux de l'époque fusaient souvent, mais ils ne tomberont jamais dans un poujadisme pur en insistant sur la nécessité de respecter la fonction du politique, de l'éthique publique. C'est donc la légitimité de l'engagement affiché auquels assistent, plus ou moins passifs, tous les consommateurs citoyens, devant ces prises de positions ostentatoires, qui se pose. Plus symboliquement côté artistes, mais aussi parfois concrètement par des financements personnels, une lutte pour une vision du monde et des valeurs qui devraient la régir. Tous en quête de respectabilité et de reconnaissance, notoriétés et politiques se disputent finalement le même public, starisés les uns et les autres par l'industrie du spectacle qui les déborde tous. L'intérêt de la vedette étant souvent plus proche de l'intime, de sa conscience et de son rapport à elle-même, quand l'élu se doit de répondre au projet commun. Lorsque Emmanuelle Béart ou Josianne Balasco s'indignent des traitements réservés aux sans-papiers, on est tenté de les renvoyer dans leurs sphères privées et de leur demander ce qu'elles font personnellement pour les héberger ? Le questionnement de l’artiste est parfois synonyme de pose et l'occasion de se donner belle figure à peu de frais. Le refus de tutelle que devrait nécessairement afficher le créateur face aux acteurs politiques et économiques dont s'est toujours targué Noir Désir peut se discuter quand on pense par exemple à la fameuse diatribe de Cantat contre son patron Messier. Indignation d'être pris comme caution par JMM d'un côté, ironie de celui-ci pouvant répondre qu'il finance la structure qui les paie pour vivre.

    Le rapport de force symbolique entrepris par le groupe et Cantat en tête envers Messier, le FN ou divers symboles condamnés a-t-il porté des fruits autres que d'image personnelle ? Même si le geste consistant à lire cette lettre à l'adresse de Jean Marie Messier lors des 17ème Victoires de la Musique le 9 mars 2002 demeure un moment d'anthologie, cette lettre est restée lettre morte, Messier n'a en rien changé sa politique d'entreprise.

    « la possession rock.- »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :