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Par ex nihilo1 le 26 Août 2014 à 14:47
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Nous oeuvrons à cotiser pour dériver au Qatar.
Un groupe de touristes se taillait en Espagne.
Un animal sauvage renversait les marchandises.
La photographe inspire le sujet aux fillettes.
Ils étendront l'ouvre-boîte jusqu'à la nausée.
Vous vous enfuirez à Rome en appelant l'orage.
Les victimes détendues poireautent en Europe.
Des cyclomotoristes s'attachent à des poutres.
Les filles montrent des hordes de fesses vides.
Tous les démons de l'enfer vont ressusciter.
Les poètes amorcent une moissonneuse-batteuse.
La sénatrice apprend à disposer d'un bracelet.
Le singe parle d'un pin en ne s'échappant pas.
Nos ancêtres recouraient aux calculs avec amour.Les responsables délibèrent tous les matins.
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Un inconnu s'associe à dix-neuf éclats d'obus.
Des professeurs d'anglais détachent un cachet.
Les élus se moqueront de ton écrou "surprise".
Des polytechniciennes exemplaires respireront.
Des crétins s'appliquent à se situer partout.
Les chefs d'entreprise refusaient de hennir.
La fillette feindra de provenir des molécules.
Un félon paraissait alimenter des coquillages.
Une magistrate s'attend à se méfier d'un bras.
Les ambulanciers agrippent certains comprimés.
Un clochard songera à la plupart des haricots.
Le saint butine certaines parodies de secours.
Le chat de Fanny Ardant craindra vos colonnes.
Le professeur de maths s'attendra à ces bains.
Des extra-terrestres régnaient sur l'instinct.
Vous détestiez dégringoler à dix mètres d'ici.
Des élèves assaisonnent le sentiment lumineux.
Un prince bloque une rangée de pneus gazeux.
Le zombie refuse l'adultère à des stoïciennes.
Le maçon réclame tout doucement ces matériaux.
Les compétiteurs dépassent toutes les églises.
Il doit tomber dans une banque du Luxembourg !
Un enfant renâclera complètement à se moucher.
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Par ex nihilo1 le 25 Août 2014 à 12:46
Le plus souvent, ce qui se déroule à l’horizon des hommes, et ce depuis des siècles, peut se résumer en deux mots : la lutte. Recherche les secrets et la bonne réputation tant que tu veux, si Dieu avait agi autrement, tous ces génocides, épouses de dictateurs et autres tortionnaires se reluquant sur Youtube ne rempliraient pas les livres d’histoire. Nous sommes allés à la chasse un dimanche ! Pieds nus, tirant sur des ombres, nous sommes revenus bredouilles, lui et moi. Sauf que le goût du sang m’est resté aux papilles. Comme une coquille perdue dans un texte inutile. Jugeant impossible d'y puiser l'eau agitée par les têtards, soudain, nous avons quitté la forêt et ses ruisseaux gris. D'une façon lamentable, la pluie est tombée sur nous. Vous êtes enfermés dans des lieux obscurs et enfumés. Acceptez-vous sans chercher, les causes de cette situation ? Tout dépend de la durée de l’enfermement. Et bien l’homme qu’il était nous le défendait expressément. C’était le destin et c’était bien. Comme ça. Avec la dureté d’un pied de stèle. Volontiers, on faisait avec. Mais je trouvais mes camarades, ayant débarqué en pépiant comme des merles dans la cour de récréation, lors de la rentrée en cours primaire (celle de l’année de l‘invasion des Malouines, c’est tout), tous plus absurdes et retardés les uns que les autres. Sauf certaines filles qui avaient d’entrée su se distinguer par ces mines délurées et ces sourires baveux, tout cet attirail qui allait motiver la suite des évènements ainsi que le fil de ma conduite. Mon tuteur me les faisait paraître comme neuves et étranges, à force d’en dire du mal tout le long du soir. J’étudiais les désordres de la bataille de la Marne pour passer le temps. Saisi par le sérieux précoce, la mine fière de connaître le nom de tous les bombardiers allemands. Ce qui me valait des yeux grossis derrière mon dos comme devant un crime horrible et raffiné. Du coup, je guettais mes alentours, pendant que les autres surveillaient leurs instruments de musique, sans la moindre émotion à l’écoute de Wagner, ce qui était dans l’ordre des choses, toute cette emphase ne pouvait que rebuter des esprits légers. Dépliant sa carapace osseuse, le directeur de l’école St Amans fit dire à Mme Grossman qu’il fallait écourter ses cours. Elle avait tendance à trop faire durer son plaisir. Je me mettrais à la voile, au cheval, voguant et cavalant en droite ligne, les femmes me parlant déjà de viol, et tous les enfants rentrant la tête baissée dans le réfectoire où attendaient des plats proprement purulents et mal réchauffés, baignés par une odeur de javel et de poisson cru, le tout encerclé par un carrelage jaune luisant. Forte tête du jour, olivier avait dit « fils de pute » à un prêtre, puis avait perdu une dent dans une bagarre de qualité médiocre. Si cela ne suffisait pas à établir le caractère banal d’un milieu de scolarité ! Comme Delphine offrant sa langue contre le gros calot bleu, où bien Jacques se tripotant pendant sa colle, en y laissant la sienne dans le casier, le pantalon mal refermé au passage du pion analphabète qu’on renommait gros-bruno. Et vous-même, vous n'oseriez pas le lui répéter si jamais vous saviez que c’était bientôt votre père où votre petit-fils. Comme quoi, tout ne dépend pas de l’âge. Surtout en matière de lâcheté. Les fillettes dessinaient toutes des chevaux et les garçonnets des bombes ! C’était avant les Femen.
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Par ex nihilo1 le 24 Août 2014 à 19:13
Bel homme, jeune, et qui n'a jamais mis les pieds hors de son appartement, puis qui se décide à le faire, un jeudi de décembre, sans raison. Je lui en ôte alors l'idée en mettant la télévision devant lui. Pour le chaos en direct. Écartant ses velléités de sortie, je me figure même que cette démarche ne me regarde point.
Si tu savais avec quel soin j’ai évité le monde, me dit-il, accompagné par le frottement régulier de ses sandales en cuir beige. Raison de plus pour ne rien changer à son quotidien, vingt ans avec une femme en tête, c’est trop. Elle ne le verrait plus se moquer des lois et du gouvernement démocratique, la liberté ou la sécurité, il faut choisir...
Acheter une voiture l'année prochaine, il y songe trop, mère, père, ils ne sont plus là pour le conseiller... Importance politique du pouvoir judiciaire. Dites aux deux femmes qui priaient là, autrefois, dans le même appartement sans teint, agenouillées, disparues au fond des corbeilles de sa mémoire, que rien ne sert à rien dans le domaine des arts et lettres. Il faudrait jouer franc-jeu, se retirer de toutes ces ambitions crépusculaires, et puis tout s’éclairerait. Elles se révèleraient pour ce qu’elles étaient, insignifiantes, petites, mais bien à vous ; tout ce que nous trouvâmes depuis si longtemps dans la très grande angoisse.
Planète cocasse, mais répétitive, pensa-t-il. Positivement, il dodelina du chef, pour exprimer sans doute son assentiment à l’endroit du présentateur de télé réalité. Ici, dans la chambre des secrets, une sentence de mort était commuée en prison perpétuelle. Ce qui arrangeait uniquement les consciences des décideurs. Facilement identifié comme un type de votre patelin et pourtant la cave pleine de cadavres, le candidat aux tatouages déjà vus et à la barbe de trois jours en avait un gros, de secret. Tout ça a été vérifié auprès du ministère des affaires viciées. Gâté et élevé sans religion, l'hospitalité télescopée, ce qui le rendait parfois heureux, mais c'était juste délicat de provenir d’un monde invisible, et d'avoir quelque pitié pour ceux qui ont fait avec la normalité. Obsession du creux de la nuit faisant ressortir la blancheur humaine des bras nus, quelques piques de rousseur par-dessus.Parce que demain tout sentira le charbon, lui dis-je.
Donne la bonté et la justice, puisque l’absolu partage son butin quantique à chaque rendez-vous me répondit-t-il.Pareil au mât d’un pavillon, charriant tout l'appareil des conventions, il se voulait religieux, mais personne ne daignait seulement le reconnaître comme simple voisin.
Neuf hectares et demi, dans un endroit où l'antre de la solitude le forçait à parler. Craignant d'être définitivement sans amante, il prolongeait ses noces imaginaires. Tard dans la nuit, il remplissait ses mots croisés, car chez eux, il y trouvait une oubliette du passé. Inconsciemment, il semblait indifférent à tout, d'une manière décontractée et facile.
En le prenant pour un ennemi, on le transformait en soldat de plomb, crevant son sommeil de cauchemars artificiels. Au fond, il restait un abominable despote, un partisan du despotisme même pas éclairé. Moi je l’aimais.
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Par ex nihilo1 le 16 Août 2014 à 17:42
Ses racines sont aquatiques et d'asphalte, toutes bien abritées par des frondaisons de tombes et des buissons de sourires malins. Sorte de réunion spatiale informelle d'artifices unifiés au service d'un même au-delà, cette île cimetière et musée ouvert à la fois, concédée aux invasions que l'on ne pourrait plus nommer barbares sans frôler l'ingratitude, finit son déploiement en lézardes pour néo-Atlantide. De nombreux dégâts ont été causés autour du Rialto suite à des vols de surveillance de Predator luttant contre la recrudescence de pickpockets, leurs pilotes maladroits n'ayant pu les empêcher de piquer du nez sur des terrasses fatiguées par le temps, occasionnant chute de gravats et hurlements frénétiques de voisins hirsutes. Désormais, leur impact au sol est régulé par le DropSafe, parachute intégré et qui plus est décoré aux couleurs de la Vénétie. Son charme d'abysse en robe de marée fait d'elle une thalassocratie artiste, s'avançant dissymétrique, face aux touristes robotisés, en ruelles cabossées et ouvertes aux enchâssures silencieuses, tantôt effritée d'éphémère, tantôt griffée d'emblèmes hermétiques, toujours réfléchie dans les flaques de St Marco derrière laquelle pointent plus loin, campaniles, étals à légumes, et surtout, canal de la Giudecca, qui sait tourner le vide contre le dos de ces lagunes glacées, et où l'on finit par se demander « que faire de l'ennui » ? Derrière l'Albergo Santa Maria, vient se loger une pénombre purifiée, aux tables des cafés ne se prélassent plus rien que des étrangers qui prétendent tous la connaître, assis au coin d'allées enturbannées de robes fendues dont les formes mouvantes s'allongent au fond de gondoles se frôlant à vive allure, pareilles à des poissons quêtant le repas du soir. La Ca d'Oro ou le Palais des Doges, il faudra choisir. Le ciel est bleu lavande, du côté du Palais Ducal, on roule sur une piazzetta en embruns de joie, puis, au Pont des Soupirs, les enfants s'immobilisent, las d'eux-mêmes. Les microdrones RQ88 se chargent de nettoyer le ciel de ses nuages en les bombardant au laser. C'est pourquoi il fait désormais toujours beau au-dessus de Venise. Santa Maria della Salute en ressort plus étincelante encore. Il faudra pourtant quitter son sol granuleux et blanc pour le Quai des Esclavons, bercés par l'écho des bateliers, où le halo oblique du soleil tache d'orange nos canaux d'amertume, désignant l'horizon comme premier responsable. La lumière aveuglante se répand contre les vêtements, gifle pas et ombres, apaisant la peur devant l'apparition de…on ne sait plus quoi mais c'était grand. Sous la Tour de l'Horloge, un vieillard au regard sanguinolent façon Bellini semble boire le spectacle du Rialto, bercé par cette discipline acérée de sculpteurs morts, toujours effarante d'actualité, le roman en haut, le gothique en bas, et inversement selon l'état des reflets masquant la fin de tout. La tonalité comportementale des Predator, fièrement insérés au ciel du centre-ville, manifeste une aisance incisive que la population tolère, maugréant toutefois à propos de leur vitesse de déplacement ébranlant parfois les toitures ocre des plus vieilles bâtisses. Population composée désormais majoritairement de badauds dont l'absence d'objectif à court terme se lit à leurs vêtements non repassés. Ils veulent ce pour quoi ils se lèvent, et rien ne doit les empêcher d'assurer la jonction entre l'aspiration matinale et sa conclusion nocturne. Cette aspiration se glisse au creux de leurs sourires, indiscutables. Sur le terre-plein des places pour marchés rutilants, florissantes et alertes, se réunissent par grappes de cinq, des foules hirsutes luisantes d'aisance, gardées par des caméras d'U887 survolant d'un vol élégamment effilé la cité, chassant les urgences et secourant les malades de leurs scanners incorporés permettant un diagnostic immédiat. Les Morphodrones s'adaptent aux étroitesses des canaux afin de guider les touristes tentés par des traversées fluviales nocturnes. Ici, ce qui compte c'est de fuir le rétrécissement induit par tout savoir, tout connu. Certains soirs d'automne, la cité lacustre se met à briller comme une émeraude scintillante derrière les silhouettes passantes, donnant l'envie de désarmer devant toute forme d'avenir. La furtivité des Drones constelle l'horizon de taches noires les faisant passer pour des mouettes sous amphétamines. Leurs éclats rapides se reflètent sur la mer adriatique, et le mélange des linges multicolores aux murs fatigués par le soleil érectile ne manque pas d'acquérir un ton violet quasi parfait pour trouver la fatigue. Aucune voix n'est métallique, aucun crissement de métro, juste de la beauté éparpillée dans les cheveux et les cours, surplombant un front de catacombes. Des plantes grimpantes jumelées à des murs soigneusement craquelés affleurant à des pontons faussement pourris, avec le velours du ressac tranché de vaporetto pour fonds. Des drones V3888 en fibre de carbone inspectent tout le littoral afin de prévenir la cité de l'érosion. Les corps des touristes ont le poids de leurs attentes, à l'écoute des vins qui couleront bientôt en leur tréfonds. Quant aux bougies des tables basses, elles suintent sur des manches d'ivrognes classes et loquaces, interrompus par un haut-le-cœur sécrété au sein de toute l'humidité rampante, pendant qu'à l'aéroport Marco Polo, ils décollent, et que les Maures ont malgré cela le bronze intact, face aux mêmes pigeons arrogants pour piazza rutilante, orné de ce campanile qui semble plus que jamais s'incliner pour de mauvaises raisons. Plus loin, une femme en linge blanc avale un Vicence, accompagnant quelque Linguine aux fruits de mer, naturalmente, triglia, lissa, puis jus de pèches blanches. Brouillard d'inondations hivernales, dresser les bancs d'écolier pour marcher, le verre de Murano aux oreilles, ponte delle Guglie, l'ordre des promenades devenant indéchiffrable sous l'effet des mosaïques dorées surplombant les 17 puits artésiens dont un aqueduc assure la conduction de leurs eaux de pluies éparses. Depuis cette féérie incarnée, les visions infernales de Jérôme Bosch semblent parfois tout recouvrir, du Palais des Doges jusqu'aux écrans de télévision, de San-Pietro à San-Luca, il suffit pour cela d'une météorologie propice aux perceptions infra-humaines comme lors de l'oquo ollo qui envahit chaque rez-de-chaussée. Près du servizo gondole, les angles des pensées se dilatent en cercles concentriques comme des pigeons trop nourris au fond de ces ruelles aux airs d'artères utérines prolongeant le « là » des philosophes. Chaque pas provoque un écho unique dans la Fenice, donnant le sentiment vertigineux d'être une coulée de présence charriant quelque volonté sans provenance. Certains ont vu le fantôme de Byron fumer un cigare en faisant du crawl près des jardins du Tivoli, d'autres affirment que les Drones RaptorDream projettent des hologrammes chargés d'émerveiller les touristes. Une seule certitude : la rédemption est proche.
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Par ex nihilo1 le 9 Août 2014 à 18:00
Au commencement, tout est opaque, puis elle réalise que des yeux la scrutent, au travers de paupières gonflées, à l'avant d'une place immense comme le désert du Texas, sans ses aigles. C'est la pelouse de Reuilly, désertée de sa foire du Trône aux cent manèges, qui accueille son premier souffle hébété. Un homme à la barbe fournie se désaltère au loin, mal engoncé dans un costume gris clair, puis s'évanouit dans la première ruelle ombragée. Elle vient de s'évanouir suite à un choc violent ayant secoué son véhicule, un modeste scooter Piaggio. Aucun son ne sort de sa bouche carme. La clinique où elle débarque n'a pas de place pour les muets. Dans la première glace venue, elle se vérifie, et constate son air d'errante à peine recueillie. Son frère Jean ne la reconnaît plus, selon lui, cela fait cinq ans d'absence et plus rien. Il confirme qu'elle a l'air d'une déterrée. Une fois ses affaires récupérées sur la chaussée, on l'a installée à l'arrière de l'ambulance écarlate, et elle se souvient qu'au moment de l'incident circulatoire, elle s'apprêtait à rejoindre le bois de Vincennes, ses lacs inchangés, l'activité fébrile de ses barques à dominante rouge, avec des surnoms comme Tarzan ou Zorro fendant le calme d'îlots lisses où venaient flâner quelques couples naissants. Elle préparait une exposition de ses toiles en acrylique flirtant avec l'expressionnisme abstrait. C'est dans ce bois qu'elle avait puisé l'essentiel de ses inspirations. Elle posait régulièrement ses toiles et pinceaux devant le temple bouddhiste de Kagyu-Dzong, orné de lamas aux sourires fleurant bon le retrait amusé hors de l'impermanence. Ses odeurs de friture thaïlandaise lors des fêtes dominicales, avec des airs de mantras s'échappant derrière ses rangées de bambous partiellement usés par la boue lui remontaient au front. Sous la grotte artificielle, aussi proche de Lascaux que l'Auvergne de New-York, elle s'étendait en contemplations sur le lac de Gravelle, la rivière de Joinville et ses pêcheurs taciturnes, devisant de leur dernière prise parfois féminine, puis dérivait vers ces chalets restaurants blancs et propres comme ceux de Normandie, car ici, tout l'étonnait : des statues japonaises Unsui Gunzo au parc floral s'étirant dans les terrains militaires désaffectés de La Cartoucherie, entre deux terrains de football désertiques, les pins de Corse, l'ambiance "envolée champêtre douceâtre", les pavillons discrets avec patios horticoles à thèmes intégrés, entre iris, azalées, rhododendrons et autres camélias, géraniums, fougères et dahlias. Son cortex est submergé de flashs se rapportant au Zoo de Vincennes, un éléphant de mer, un rhinocéros indien, et un panda fusent dans ses neurones, en direction de l'hippodrome pas très éloigné, un tigre s'arrêtant même devant le Château régissant ladite zone. Avant le choc, elle s'était rendue à son « belvédère », à savoir la « Cipale », ce vélodrome qui traverse Monsieur Klein, et où elle fumait quelques cigarettes menthol, fascinée par l'armature d'acier ceignant la piste. De la douche ouverte, elle contemple les jardins de l'hôpital qui a pris nom d'hôtel dieu. Le soleil s'est éclipsé, reprenant sa route hagarde vers Notre-Dame. Le soir ratisse l'angle droit de sa fenêtre. Elle se dévisage dans la glace, comme une étrangère, sous la garde de son frère. Son premier mot : « il va falloir quitter le quartier », avec l'enthousiasme d'un capot cabossé. Elle se souvient avoir acheté un terrain nu en Irlande, mais elle a oublié pourquoi. Habermas était le nom de jeune fille de sa mère, d'origine allemande. Elle mange et il parle, bientôt de retour chez les vivants, son corps se souvient, puis se perd dans sa mémoire flottante. Elle est attirée par l'absence de toute pancarte publicitaire devant sa fenêtre. Cela change des grands boulevards. Son frère la pousse vers la civilisation, à force de discussion. Il lui ramène des gaufres aux fraises, du café chaud, regarde l'ombre des infirmiers s'évanouir dans le couloir à carreaux puis astique ses chaussures, l'air nerveux. Il dit préférer marcher que conduire, qu'il faut qu'elle regarde ce super-8, il y aurait des plans de son enfance à Auxerre, même si tout cela est une sorte de galaxie lointaine, elle sent toujours la présence de l'église centrale près de son oreiller. C'est étrange quand le temps se change en rien. On s'aime comme si sa chair et son sang en dépendaient, puis tout s'éclipse, sans douleur. Sa famille demandait de ses nouvelles, au début, le 5 du mois, puis le 15, puis plus du tout. Aucun endroit ne pourra plus se nommer « zone de sécurité » selon la radio. Les choses n'ont pas le même aspect au sol, besoin d'argent, de cartes de crédit, il lui faut retrouver son portefeuille. Mais qui est à l'origine de l'accident ? Après tout, il y a bien un coupable contre qui se retourner, demander de l'argent, non ? Elle semble visualiser le visage du conducteur à l'origine de son vol plané, il a des traits asiatiques. Tout l'univers est comprimé dans un petit point et ça explose, les étincelles dans tous les sens, du gaz, grosse boule dure, faire demi-tour devant les faux dinosaures. Si elle pensait à la vitesse de la lumière, elle retrouverait la trame de l'enchaînement causal, cela ne prendrait plus que trois secondes de la Cipale à l'Hôtel Dieu. La lampe de sa chambre est allumée, elle se souvient avoir dit « je sais garder un secret, c'est près de la rivière rouge », ses souvenirs se dissipent sous le vent, c'est à elle de les réunir comme il les a séparés. La vitre sans teint du couloir l'intimide, il faut lui tourner le dos. L'homme est un chinois, et il voulait renverser l'organisation gérant le temple tibétain, affirmant que le bouddhisme était une secte dangereuse. Elle lui disait qu'il ne fallait pas continuer sur cette voie, puis elle avait souhaité être très loin, dans un endroit sans langages, sans noms, sans rues. Elle avait roulé sur un sol humide, jusqu'à faire disparaître toute trace d'elle-même, des bouteilles de gaz ont explosé, en ratant leur cible, elle allait désormais éteindre la lumière pour l'entrevoir, le chinois dans sa mémoire. Il enleva sa casquette, pour dégager le haut de son front ridé, elle le devinait sous toutes les coutures, la remembrance s'est arrêtée. Depuis, chaque homme a sa voix, elle le scrute au fond du cœur, dans une transfusion sans teint, d'âme à âme. Elle sait qu'il est l'homme du choc dans le rétroviseur, sur la pelouse de Reuilly.
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