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    Chers lectrices, chers lecteurs,

    Je viens à nouveau de faire condamner l'Etat français, et le maire UMP de Charenton-le-Pont, Jean-Marie Brétillon, grâce à Maître Mayet, que je remercie, cette fois au pénal, à plusieurs milliers d'euros, simple provision d'attente.
    Bien cordialement.

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  • Un génocide français.

    Des heures noires qui souillent l’histoire de France, l’histoire officielle n’en reconnaît que certaines. Pourtant, 76 000 malades internés dans les hôpitaux psychiatriques français sont morts durant la seconde guerre mondiale, et au moins 40 000 d’entre eux ont été éliminés indirectement par l’Etat français qui a décidé de réduire significativement l’aide alimentaire à cette population par principe improductive et donc jugée alors secondaire (seulement alors ?).

    La surmortalité dont nous parlons a été causée par une famine organisée et entérinée, via une réduction des rationnements réservés aux structures psychiatriques, dans une logique économique et philosophique caractérisée. La famine est régulièrement utilisée par les pouvoirs dictatoriaux pour éliminer des groupes humains jugés problématiques, soit parce qu’ils sont susceptibles de s’opposer, soit parce qu’ils incarnent des convictions, des mœurs ou des attachements entrant en contradiction avec les dits pouvoirs, ou bien quand, et c’est le cas en l’occurrence, ils représentent une dépense évaluée comme inutile.

    Les taux normaux de mortalité avant-guerre n’ont jamais été déterminés avec précision, ces populations asilaires n’intéressant que peu les historiens. C’est pourquoi, même s’il faut saluer le travail de salubrité publique effectué par quelques médecins courageux comme Max Lafont, la différenciation entre morts statistiquement normales et anormales reste nébuleuse. Y compris pour notre époque contemporaine. L’institution psychiatrique n’a jamais brillé par une grande soif de transparence sur ces questions, hier comme aujourd’hui. L’idéologie d’un pouvoir se traduit toujours systématiquement dans la pratique psychiatrique, comme dans toute autre institution publique. Quand celle-ci estime que les fameux fous sont des bouches inutiles, alors, toutes les options sont envisagées et pratiquées.

     

     

    Un génocide français.

    Il y avait par exemple pour l’Hôpital de Niort, si l’on étudie les travaux du Docteur Jean Burguet (« L’Hôpital-Hospice de Niort durant la seconde guerre mondiale à travers les délibérations de sa Commission administrative, Bulletin de la Société Historique des Deux-Sèvres, Troisième série, Tome II, 1er semestre 1994 »), uniquement un médecin aliéniste chargé d’au moins 600 malades.

    Comment, dès lors, avec si peu de moyens humains, évaluer sérieusement la nature d’un processus criminogène ? Processus qui eut bien lieu pourtant, essentiellement par la réduction intentionnelle des tickets de rationnement attribués à ces structures opaques ainsi que le manque de vêtements et l’insalubrité des lieux inadaptés contre les froids hivernaux.

    La mort par famine n’existait pas avant la guerre dans ces lieux, c’est un élément objectif incontestable.

    Le Docteur Lucien Bonnafé (« Dans cette nuit peuplée, Ed. Sociales, 1977) décrivit son entrée dans l’Hôpital psychiatrique de Ville-Evrard : « C’est à Ville-Evrard que nous eûmes la révélation d’une pathologie dont on devait parler abondamment au retour des survivants de la déportation, après la libération des camps nazis : amaigrissement prodigieux avec ou sans réveil de tuberculose latente, contamination déclenchant des phénomènes de phtisie galopante sur des organismes à défense anéantie, œdèmes énormes où l’on voit ces corps squelettiques se remplir d’eau, puis se vider dans d’incroyables diarrhées. A la visite du matin le dortoir sentait le cadavre. »

    Le rationnement décidé par l’Etat français ne toucha nullement les autres types d’hôpitaux mais cibla clairement les structures psychiatriques. L’Allemagne nazie élimina quant à elle au moins 200 000 malades par le gaz et la malnutrition. L’idéologie eugéniste était partagée des deux côtés du Rhin, ici via son chantre Alexis Carrel, créateur sous la tutelle du maréchal Pétain de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains qui conditionna grandement les mentalités de l’époque.

    Le Dr Requet, chargé des services au Vinatier, dans la région lyonnaise, responsable de 800 internés :

    « Vous imaginez la difficulté pour s’intéresser à tous ! Les conditions de vie étaient atroces. Les internés vivaient comme des bêtes, avaient plus souvent de la paille que de la literie, l’aération et le chauffage étaient rudimentaires….ce que nous recevions était absolument insuffisant pour nourrir quelques 3000 malades…même avec les compléments de la ferme ».

    Plus loin : « Je peux témoigner de scènes affreuses : les malades se mangeaient les doigts ; ils mangeaient tout ce qui passait à leur portée : les écorces des arbres par exemple. C’était courant d’apprendre que des internés mangeaient leurs matières fécales ou buvaient leurs urines ; ils rêvaient tout exclusivement de rêves alimentaires ; un malade qui avait reçu un colis s’est jeté dessus et il est mort d’une rupture gastrique. » (« Rhônes-Alpes », du 9-4-1979 : interview du Dr Requet par André Mure.)

    Le célèbre Dr Gaston Ferdière, remettant en novembre 1942 son rapport au préfet de l’Aveyron :

    « Le Service d’enfants tel que je l’ai découvert avec stupeur lors de ma première visite était une garderie honteuse où le pervers léger (sic), placé à la suite d’une fugue ou d’un vol familial minime, pouvait avoir pour voisins de lit le plus grand épileptique gâteux et barbouilleur et l’idiot le plus monstrueux. »

    Ce bref extrait rend compte des fameux internés, parfois des enfants, pris pour fugue et qui finiront donc exterminés par la famine…

    Le médecin des Asiles Riquet déclara à la Société de Médecine, en 1942, avec force détails, la nature du processus en question :

    « Faim, amaigrissement énorme, voire émaciation, asthénie allant jusqu’à l’adynamie, œdème débutant souvent aux parties déclives, (mais aussi à la face, donnant au malade un faux air de bonne santé) et arrivant rapidement à des proportions considérables, anasarques géants comme on n’en voit pas dans la pathologie habituelle, épanchement dans toutes les séreuses, mais surtout sur le péritoine et les plèvres (surtout à droite), perte du pouvoir de régulation thermique, diarrhées prolongées pendant des semaines et des mois avec selles, nombreuses et impératives, peu influençables par les différentes thérapeutiques, tout en conservant un appétit féroce, sauf dans les derniers jours de la vie (sic) ; mort habituelle par coma algide de quelques heures, souvent inopiné (accompagné parfois de contractions chroniques des membres supérieurs et de convulsions). Plus rarement, la tuberculose pulmonaire est la cause même de la mort,[…] Ont été touchés en premier lieu les gens âgés et usés, les alcooliques, les gros mangeurs et les travailleurs ; les jeunes sont ceux qui résistent le mieux et l’on peut dire que la pathologie de sous-alimentation croît avec l’âge. […] D’une façon générale, la mortalité par sous-alimentation est considérable surtout en hiver ; où l’on voit moins d’oedèmes de carence et surtout moins étendus parce qu’ils n’ont pas le temps de se constituer et de s’étendre. En hiver, les phénomènes de dénutrition deviennent rapidement irréversibles et à partir d’une certaine dégradation, il n’y a plus d’espoir de rétablir le malade même en le réchauffant et en le suralimentant. […] Les rations qui provoquent ces troubles sont caractérisés par une insuffisance calorique globale, mais surtout par un déséquilibre alimentaire ; il n’y a pas assez de graisse et de matières azotée par rapport aux hydrates de carbones. »

    Le résultat de cette communication qui décrit tout simplement un phénomène de mort massive similaire en de nombreux points aux camps de concentration nazis n’entraîna qu’une indifférence totale. Peu d’accès au marché noir, pas de combines, rien que la mort et la conspiration du silence.

    Il est vrai que Laval avait proposé à Alexis Carrel de devenir ministre de la santé, lui qui défendait l’élimination physique par soucis économique des fous et des prisonniers :

    « On pourrait faire comprendre aux jeunes gens à quels malheurs ils s’exposent en se mariant dans des familles où existent la syphilis, le cancer, la tuberculose, le nervosisme, la folie, ou la faiblesse d’esprit. De telles familles devraient être considérées par eux comme au moins aussi indésirables que les familles pauvres. Aucun criminel ne cause de malheurs aussi grands que l’introduction dans la race de la tendance à la folie. » (p.364)

    « Le coût des prisons et des asiles d’aliénés, de la protection du public contre les bandits et les fous, est, comme nous le savons, devenu gigantesque. Un effort naïf est fait par les nations civilisées pour la conservation d’êtres inutiles et nuisibles. Les anormaux empêchent le développement des normaux. […] Pourquoi la société ne disposerait-elle pas des criminels et des aliénés d’une façon plus économique ? » (p.387)

    L’Homme, cet inconnu ? Alexis Carrel, Editions Plon, 1943.

    Dans sa préface de la version allemande, il écrira fin 1936 :

    « En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l’augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La solution idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s’est montré dangereux… »

    En effet, des centaines de milliers d’allemands déterminés comme malades mentaux seront bel et bien physiquement éliminés durant cette période.

    Le Dr Balvet de Montpellier lança un appel à ses confrères soulignant l’état d’impéritie de cette institution, appel qui resta pour la période lettre morte.

    « Dire qu’en 1942, Balvet dénonce le génocide des malades mentaux, c’est le romantisme de Colin. Non mais, je ne dis pas que je n’ai pas joué un rôle…Un rôle sûrement…mais que Colin et d’autres ont remanié en faisant de moi une statue…C’est pas vrai. Ca va avec ce que je dis.. Rien n’est vrai de tout ça. .C’est vrai que cet article, ce machin, je l’ai fait avec un certain.. puisqu’on dit honteux pour le reste…Disons que ça a été un acte de courage autant que je me rappelle. »

    Certains responsables d’hôpitaux tentent d’assouplir les conditions inhumaines qui sont faites aux internés, demandant au gouvernement des accommodements, comme ceux de l’hôpital de Saint-Egrève, près de Grenoble, les réponses s’avèrent cinglantes comme en témoigne ce courrier officiel du Gouvernement de Vichy via le Secrétariat d’Etat à la Santé (XXIIe région ) :

    « Demandez à vos médecins de désigner les bénéficiaires par classement basé sur la distinction ci-après : les malades récupérables, c’est-à-dire ceux qui, par un traitement approprié et un séjour de courte durée dans votre hôpital, pourront être rendus à la liberté et reprendre leur place dans la société et leur activité antérieure. Ce sont ceux-là qu’il convient de ré-alimenter. »

    1400 calories par interné, tel était le programme alimentaire réservé aux malades par l’Etat français durant toute la guerre. Privation des suppléments alimentaires accordés à tous les autres hôpitaux non psychiatriques. Hôpitaux qui pourtant étaient souvent situés sur des domaines agricoles riches en protéines, (lait, bœufs, porcs et autres poulets). Des expériences furent pratiquées sur ces internés comme l’injection de sérum de bovidé, de strychnine, ou d’extraits ovariens totaux.

    Pendant ce temps, la Société médico-psychologique devisait sur le délire du manque, l’onirisme lilliputien et gastronomique par carence alimentaire, la sensibilité particulière des malades mentaux à l’avitaminose B1 ….

    Les autorités médicales multiplient les thèses sur l’œdème de malnutrition, les troubles de la pression osmotique des protéines, les cachexies mortelles, sans jamais dénoncer clairement l’origine de cette avalanche statistique pudiquement nommée de nos jours surmortalité. La subtilité de cette pratique génocidaire consista en l’absence quasi-totale d’ordres, et pour cause, les rations officiellement appliquées aux HP ne permettaient pas la survie physique. Il était inutile d’expliciter, théoriser et légitimer un abandon à la mort de façon officielle puisque la pratique des rations ainsi déterminées de façon sous qualitative sur le plan biologique assurait de façon muette un tel résultat mortifère.

     

    Ajzenberg A. : L’abandon à la mort de 76 000 fous par le régime de Vichy, L’harmattan, 2012.

    Bonnafé L. : Dans cette nuit peuplée, Editions sociales, Paris, 1977.

    Broussolles P. : Loi de 1838 et aliénation mentale, In Information sociale, 1965, pp. 134-142.

    Carrel A. : L’homme, cet inconnu, Plon, Paris, 1935.

    Castelli A. : Montdeergues-les-Roses (1940-1945), Un hôpital psychiatrique sous Vichy, in Revue Chimères Numéro 28.

    Daumezon G. : La situation du personnel infirmier des asiles d’aliénés, Editions Doin, 1935.

    Lafont M. : L’extermination douce, 40 000 malades mentaux morts de faim dans les hôpitaux sous Vichy, Editions le bord de l’eau, 2000.

    Jay Lifton R. ; Les médecins nazis ou le meurtre médical et la psychologie du génocide, Editions Robert Laffont,1989.

    Durand P. : Le train des fous, Editions Syllepse,2001.

    Foucault M. : Histoire de la folie, Editions Plon, 1961.

    Roumieux J. : Je travaille à l’asile d’aliénés, Editions Champ Libre, 1974.

    Scherrer P. : Un hôpital sous l’Occupation, Atelier Alpha Bleue, 1982.

    Vermorel H. et Meylan A. : Cent ans de psychiatrie, Editions du Scarabée, Paris, 1969.


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    Depuis quelques années, et plus que jamais à l’occasion de la sortie d’Horizons, son nouvel album, commentaires sur le net, articles et chroniques remuent fréquemment la même vase, pour tirer sur une ambulance avec cette tendance morbide à enfoncer celui qui ne se noierait pas comme l’on voudrait, dégageant la sourde impression de souhaiter la mort au moins sociale d'un artiste qui n'aurait plus le droit que de disparaître.

     

     

    Parole de Droit Dans Le Soleil :
    Tous les jours on retourne la scène
    Juste fauve au milieu de l'arène
    On ne renonce pas, on essaie
    De regarder droit dans le soleil

    Et ton coeur au labo de lumière
    Quand l'amour revient à la poussière
    On ne se console pas, on essaie
    De regarder droit dans le soleil

    A la croisée des âmes sans sommeil
    L'enfer est myope autant que le ciel
    On t'avait dit que tout se paie
    Regarde bien droit dans le soleil

    Tourne, tourne la tête
    Tout se dissout dans la lumière
    L'acier et les ombres qui marchent à tes côtés

    Quand le parfum des nuits sans pareille
    Et l'éclat des corps qui s'émerveillent
    Ses lèvres avaient un goût de miel
    On regardait droit dans le soleil

    Les serments se dispersent dans l'air
    Et les mots qui retombent à l'envers
    On ne sait plus comment ça s'épelle
    Regarder droit dans le soleil

    Tourne, tourne la tête
    Tout se dissout dans la lumière
    L'acier et les ombres qui marchent à tes côtés

    Assiégé par le chant des sirènes
    Sentinelles au milieu de la plaine
    Le tranchent de l'oeil en éveil
    Pour regarder droit dans le soleil

    Comme si l'on pouvait cliver ce qui se passe en une fraction de seconde dans les neurones d'un humain, diviser le bien du mal à tout moment, en tout instant et en tous lieux, comme si le mal ne s'insinuait pas dans l'ombre des meilleures intentions, à la vitesse de la lumière, dans les actes et les cœurs, emplissant de confusion certes, mais préparant lentement et sûrement son terrain fertile, accumulant les préjudices jusqu'à former une ébriété d'indignation qui fait sauter les ultimes digues d'attachement et de respect. La jalousie torturante. La glace des accords rompus qui dépossède, qui invite à ne plus se maîtriser soi quand on aspire à posséder l'autre, quand on abdique la souveraineté de son jugement, quand on veut faire dépendre de soi ce qui n'en dépend pas comme le savait Marc-Aurèle et non Maïakovski.

     

    On reprocherait presque à Cantat de ne pas être Peter Pan, trop habile à se situer, et pas seulement à l'instinct, face aux médias et au monde. Peter Pan ne fait pas de procès au capitaine crochet, il ne demande pas de liberté conditionnelle. Le romantisme sacrificiel dont on a parlé à foison et souvent à demi-mots ne se retrouve point dans la volonté de réduire au maximum la sanction par les demandes de liberté conditionnelle. Certains semblent réclamer un silence absolu et irréversible pour accompagner « dignement » la déroute de ses amours. Le silence imposé légalement des années durant n'a pas assouvi le ressentiment d'un certain public à l'égard de Cantat, qui semble chuchoter qu'il faut éthiquement (car l'éthique induirait des injonctions) opposer à la faute première et ses velléités criminogènes la honte et le repentir d'un désengagement total, au-delà de la culpabilité affichée, qu'il faudrait y rajouter vitalement le repentir du silence définitif, du désengagement effectif non imposé, voire s’imposer une mort sociale radicale. Certains n'ont pas accepté et continuent de ne pas accepter ses tentatives de renaissance artistique, son égo bien présent, toujours prompt à se défendre et s'affirmer dans sa dignité bafouée. Bref une force qui s'affirme et non se renie. La faillibilité essentielle de l'homme (non discutable vue de haut puisqu’universelle, mais qui peut prétendre voir et juger de haut ?) a dézingué l'égalité, la liberté et la fraternité dont il se faisait le porteur public, en refusant des sms ambivalents, en acceptant un combat physique inégal. Certains misaient sur une attitude moins combattive, en somme désarmée, face notamment à la presse poubelle et à la faillibilité des autres. Question de caractère, question subjective, subalterne, ou pas. Il faudrait rappeler à ces indignés professionnels que l’art n’a jamais été éthique en soi et que ses porteurs n’ont pas pour mission d’incarner on ne sait quel principe.

     

    Le factuel est là, les paroles et notes de ce nouvel album sonnent juste, et cette justesse vaut tous les justiciers virtuels, Cantat sait s'évanouir dans ses mots simples avec les yeux d'un enfant qui n'a pas renoncé à lui-même, avec la tendresse au bord des lèvres et la cruauté dans les notes, une bouche à dire des choses infinies, des paroles qui forment une liturgie sans Dieu mais proférée avec une soif de sacré, démentant par la même occasion ceux qui prétendaient qu'il n'avait plus rien à dire sans son groupe.

    Bertrand Cantat Entre Ethique du Degagement et Immanence du Controle, Ed. L'Harmattan, TR.

     

     


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    « Je suis mort à Rodez sous un électro-choc.

    Je dis mort. Légalement et médicalement mort. »

    Suppôts et Suppliciations.

    Antonin Artaud.

    Les journalistes ne ratent que rarement l’occasion de souligner les crimes et délits induits par des individus présentant un passif psychiatrique, mais sans jamais oser interroger le lien de causalité éventuel reliant ces actes aux passages dans la dite institution. On aimerait constater le même zèle pour rendre compte des actes délictueux et parfois criminels produits par le personnel censément soignant, comme dans cette affaire qui n’a entraîné aucune sanction professionnelle après pourtant une condamnation pour homicide…

    Florence Edaine était décédée le 14 mars 2004 dans l’Hp de Moiselles, les Drs Jean-François Ruinart de Brimont et Marta Mestres ont été jugés coupables d’homicide involontaire mais aucune sanction professionnelle ne s’en est suivie…

    La misère psychique étant bien souvent sécrétée par le flux des interactions sociales indissociable de celle-ci, la dissimuler voire l’éliminer demeure la tâche première de cette organisation étatique, au service qu’elle est du paravent d’un ordre établi qui se doit de prétendre au bon fonctionnement, sain et harmonieux, assurant l’entretien d’une mythification étatique qui ne peut s’accommoder de positions existentielles symptomatiques ou insolidaires par trop voyantes, dont la manifestation même invalide le bon ordonnancement, aussi artificiel soit-il. Les soins sans consentements ne sont qu’une face de cet iceberg sociétal, sans doute la plus visiblement absurde tant elle viole toutes les conventions internationales visant au respect de l’intégrité physique à commencer par la fameuse Charte des Droits de l’Homme !

    Seule la France pratique la déportation et l’enfermement de malades sans leur consentement sur le sol européen. La réforme de la loi du 5 juillet 2011 a permis de fournir des chiffres concernant les contrôles opérés sur les hospitalisations sans consentement, via les juges des libertés et de la détention, un chiffre ouvert béant sur l’arbitraire de ces pratiques, sur un total d’environ 62 000 procédures de contrôle, environ 3200 mainlevées ont été opérées soit 5,1% du total des contrôles, ce qui représente pas moins de 3200 internements invalidés et jugés illégaux par les magistrats en une année (quand ces derniers ne sont pas saisis trop tardivement ou pas du tout… ) !

    L’étiologie des aliénations comportementales ou prétendues telles a été accaparée par une profession dont les critères nosologiques et donc diagnostiques n’ont jamais démontré une quelconque efficacité à proprement parler curative mais bien plutôt et essentiellement une faculté de dissimulation des conditionnements sociaux, économiques, interpersonnels et politiques à l’origine des dites pathologies.

    Le concept de maladie psychique est héritier de la médecine des essences du XVIIIème siècle, théorie désormais parfaitement caduque. Une rupture épistémologique a ensuite permis de promouvoir via Bichat, Broussais et autres Laënnec, une approche somatique visant à localiser l’origine organique des troubles, éloignant cette tradition des bases théoriques de son créateur, Phillippe Pinel, qui assimilait tout dérangement psychique à une idée nominale de type essentialiste.

    La singularité caractérielle, psychique et comportementale est par principe visée par cette tradition, l’anesthésie et l’éradication de sa manifestation dans le champ social étant l’objectif premier poursuivi via des items régulièrement redéfinis au sein de la Bible des psychiatres qu’est le DSM, le tout au service d’une production toujours plus extensive de molécules assurant la toute-puissance pharmaceutique qui chapeaute en toute opacité le dit monde médical.

    Les spécialités pathologiques ne cessent de muter au gré des cultures et des modes intellectuelles, naviguant entre constats de névroses, psychoses, dangerosité ou non dangerosité selon la subjectivité plus qu’approximative d’experts se contredisant les uns les autres lors de procès retentissants. Experts qui malgré le flou doctrinal qu’ils véhiculent régulièrement et les contradictions théoriques qui entachent leur discipline jouent un rôle d’influence non négligeable sur l’issue des jugements, contribuant à faire innocenter ou condamner des citoyens avec une précision chirurgicale de type « doigt mouillé. »

    L’idée même d’incurabilité invitant à des « solutions finales » à base de médication jusqu’à la mort pudiquement nommées dans le langage commun « camisoles chimiques », réduisant les cobayes concernés à l’état de légumes apathiques certes inoffensifs pour eux-mêmes comme pour leur environnement puisqu’ils sont affectivement et psychiquement réduits à l’état de morts-vivants.

    La dangerosité de toute nosographie psychiatrique consiste à faire taire les sujets pensants et irréductiblement souverains, à les étiqueter, les cloisonner et parfois les éliminer physiquement, soit par l’enfermement soit par les piqures installant une totale dépersonnalisation.

    Si Freud considérait le délire comme un processus restitutif de guérison, la psychiatrie inverse la lecture en envisageant le sujet malade comme inapte à statuer de son positionnement et le destitue justement de ses prérogatives, à commencer par sa volonté ou non de se soigner, ce qui est en soi totalement contre-productif en matière de santé mentale. Le pathologisme à géométrie variable appliqué à tous étant sans aucun doute le plus rentable pour l’institution psychiatrique…

    Si l’on appliquait de façon drastique la grille de lecture du DSM, pas moins de 50% de la population française relèverait de ce type de soins imposés. Quel juteux marché !

    Il ne faut pas s’étonner dans ce cadre de constater la progression permanente de la psychiatrisation et de la « pathologisation » rampante de tout évènement social, du plus saillant au plus insignifiant, des addictions aux films, en passant par les accidents de transports, la météo et ses effets, l’esthétique, le poids, la calvitie, la faim, le sommeil, la sexualité, le chômage, le travail, le sexe, le sport, le rapport aux animaux, les viols, les suicides, les relations interpersonnelles, la justice, enfin tout champ social ou presque semblant du ressort de ces étranges experts et de leurs mallettes pleines de molécules aux effets méconnus à long terme sur l’organisme tant leur renouvellement incessant interdit des évaluations crédibles…

    La seule question cruciale qui n’est jamais posée étant de connaître le caractère ou non pathogénique des hôpitaux psychiatriques comme on l’a établi depuis fort longtemps à propos des prisons.

    Les contradictions sociales, environnementales, ethniques, économiques, culturelles sont toutes évacuées au profit d’une idéologie réductionniste en quête de failles endogènes. A ce propos, la nouvelle mode est bien la recherche génétique au service de la psychiatrie, en quête des gènes responsables de telle ou telle dérive existentielle, ce qui n’est pas sans rappeler certaines théories des systèmes totalitaires du 20è siècle qui ont usé et abusé de la sphère psychiatrique pour asservir leurs adversaires d‘alors.

    Envisager le marasme qui sévit en occident et donc partout puisque les différentes aires culturelles sont converties à ce modèle de décomposition psychologique reviendrait à battre en brèche la nécessité d’installer des murs capitonnés et des chambres d’isolement comme solutions létales aux contingents d’individus touchés par cette anomie organisée.

    La sectorisation et l’éclatement faussement décentralisé de ce bras armé étatique qu’est la psychiatrie moderne assurent un maillage complet du territoire, afin de dépister précocement tout sujet susceptible de perturber l’ordre établi. Car ce sont bien les préfets et les maires, donc des agents d’état, qui donnent l’ordre d’enfermer sous le régime de l’hospitalisation d’office les citoyens de ce pays, soit plusieurs dizaines de milliers chaque année, au motif de préserver l’ordre public sans que nul ne soit en mesure d’en donner une définition légalement officielle et précise. Hiérarchie des ordres inquiétante sur un plan démocratique…

    L’effondrement des solidarités organiques et l’individualisme triomphant de type marchand permettent hypocritement de déléguer à ces centres d’arrière-monde la mission de se saisir de tous les cas humains atypiques, dans une gigantesques mystification biologisante et privative facilitant l’essor de firmes pharmaceutiques dont on connaît les influences sur le monde politique à son plus haut niveau..l’éthique n’étant pas le souci central de leurs activités ni même le soin mais bien la rentabilité.

    Tant que la mise en corrélation des troubles individuels avec les facteurs sociaux et collectifs ne sera pas assumée, la délégation lâche et irresponsable de ces individus au profit d’intérêts privés et financiers demeurera, avec toutes les dérives induites précitées.

    L’analyse dichotomique d’un sujet souverain consistant à vouloir l’extraire de son environnement pour éradiquer une hypothétique morbidité en soi ne peut que déboucher sur des échecs permanents fort coûteux, en termes humains. L’expression psychopathologique ne fait que grandir au rythme de l’extension du domaine psychiatrique, corrélation invalidante par elle-même de toute légitimité étatique sur ce dossier.

     

    La France, par ces lieux de déportation légaux en plein cœur des grandes villes, est une anomalie sur le continent européen en la matière, aucun de ses voisins ne s’empare ainsi de ses citoyens jugés malades sans leur assentiment, il faut l’écrire, le dire et le redire. Cet état de fait discrédite grandement toute leçon de morale que voudrait instiller ce pays dans le domaine des Droits de l’Homme à qui que ce soit.


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  • Faust, film dramatique russe écrit et réalisé par Alexandre Sokourov, sorti le 26 octobre 2011.

    Quatrième volet de la Tétralogie sur le Mal du réalisateur. Le film est une interprétation libre de la légende de Faust et de son adaptation littéraire par Johann Wolfgang von Goethe et Thomas Mann. Les dialogues sont en langue allemande. Le film a obtenu le Lion d'or à la 68e Mostra de Venise en 2011.

     

    Penseur rebelle, le docteur Heinrich Faust est tourmenté par ses penchants pour la luxure, la cupidité et sa nature instinctive.

    Au XIXe siècle, Heinrich Faust et son disciple Wagner, s'appliquent à rechercher l'âme des hommes en éviscérant leurs cadavres. Bien que chercheur en vue, Faust vit dans une certaine misère matérielle qu'il tente de contourner par des doléances tout aussi variées que vouées à l'échec.

    Il se tourne vers Mauricius, un usurier mortifère et souffreteux, incarnation du Diable.

    Conduit dans un repaire de lavandières, il rencontre l'une d'entre elles, Margarete.

    -Je n'ai pas l'argent

    -Alors vous n'êtes pas le Diable.

    -Que souhaiterais-tu ?

    -Du Diable ?

    -Hein hein.

    -Deux choses. Je souhaiterais me débarrasser du monde entier. Et je souhaiterais vous voir plus souvent.

    -Comment, si le monde disparaît ?

    -Le monde disparaît, mais nous deux restons.



    Le corps peut partir, il empeste déjà. Avec quoi payer les fossoyeurs ? Raide mort. Rien à faire ? Descendre la table, le tenir par devant. Tout naît et meurt selon la loi, mais sur la vie de l'homme règne une destinée hésitante. Le dieu qu'ils reconnaissent en leur sein peut profondément émouvoir leur sensibilité, il ne manifeste pourtant aucun pouvoir sur ce qui se meut hors de leurs corps. Que veulent-ils ? Ne plus parler. Faust a faim. Faim. Il faut couper les jambes d'un nouveau cobaye, voilà une hache.

    Pas payé pour ça. Il sort. Pour aller où ? Où ça, où ça ? Là-bas ! Il s'agite, tout comme d'habitude, pourquoi gigoter ? Son père, un obscur honnête homme. A quoi ça lui a servi ? On le demande au professeur. Poules, crachats, il lui casse la colonne vertébrale. Il dort mal ? Non, il ne dort plus. Il est prêt à renoncer à tout. Se priver fait tant de bien. Celui qui sait se rationner sait se créer son petit bonheur. Balivernes, il faut travailler. Il ne ressent rien, ni haine, ni joie, il faut juste lui passer le spéculum. L'âme ? Pourquoi tout compliquer ? Il peut s'en passer. Matière, noire, fumeuse, impermanente, sourde. Son marteau tape sur les genoux, et les jambes ruent. C'est ainsi, c'est trop peu pour lui. Alors il part, pas assez d'argent ici pour trouver le sens des choses. Vénus, oeuf pondu et avalé par Margarete. Une lavandière éthérée. Un homme bon, si troublé soit-il, demeure toujours conscient du droit chemin. Se priver, il doit se priver. C'est son éternel refrain d'asphyxie. Rien dans les poches, un homme si distingué ? Les gentishommes sont si distraits. Carosses, balais, cour purulente, noire et grise comme la mort elle-même. Il a peur d'être en retard sur son destin, devant l'étal du boucher. Dette après dette, il doit tout rectifier. Tout le monde a faim, le malheur est à craindre. Müller Mauricius est tout ouïe. Il attend ses gages juridiques. Le monde est patent et petit. Les âmes pèsent-elles lourd ? Pas plus qu'une flaque. Les faméliques n'ont pas d'humour, ni le temps pour la métaphysique. Avec la pierre philosophale, il pourrait s'expliquer la valeur des choses, mais sa vie a perdu toute valeur. Et sa mort avec. L'usurier gémit comme un chien battu. Le décor tournoie, combien la vie peut subitement s'avérer facile. Il y a autre chose que de la pisse d'âne ici ? Il y a du vin pour deux, qui est diplômé en astrologie ? Qui s'y connaît en étoiles ? Tout le monde parle de la comète avec la queue. Qu'en est-il de cette comète ? Rien. Rien ? Un ballon à gaz. La comète est un ballon à gaz. Fûts de Bourgogne, bougies, pets, quand le ciel pète, les comètes arrivent. Anna ! Où-es tu grosse cruche ! Le Docteur veut partir, qu'indigne donc ce verteux imaginaire ? Un duel où la piquette ! Ca suffit, le vin, c'est le sang de la terre. Tout n'y est que tromperies, mensonges et illusions, un vrai miracle. Et des cruches à toutes les rues. Boire à la santé de Margarete. Des murs, l'écarlate liqueur s'écoule.

    Coup de fourchette dans le ventre. Il faut partir, il a besoin d'aide. Internet n'existe pas. Poussières, Heidi, Valentin, Emmerich, des hantises dans la glace. Il peut céder sa vie. La blessure ne sera pas mortelle, il devra signer un document. Plus tard. La famille de la fille est misérable, tout a été mis en gage. Des clowns tristes. Il n'y a personne qu'un courant d'air dans le ciel. Les bois plient sous lui. Elle va périr de chagrin sans avoir goûté la saveur de l'existence. Il faudrait la soutenir, la sauver. On peut les racheter à tout moment, il faut mettre la nappe du côté du vent, elle sèchera plus vite. Les voilà, ce qui n'est pas logique leur semble faux. La pelle, une fourche. La fille sèche le linge familial devant des rondins de bois prêts pour l'hiver. Il faut agir pour provoquer la jolie chose. C'est étroit chez eux. Quelle odeur prend la misère ! Brasier, se servir, l'or a une autre odeur. Celle d'une crème sucrée, d'un gâteau à la chantilly. Avec des ailes et un scalpel, on peut le trouver ? Une merveille que ces autopsies sans fin. Il veut ravir le monde entier. Cet ensemble de restes d'os. Une pluie d'or dessus. Zeus et Danaé sont convoqués, rien n'y fait, les choses demeurent énigmatiques, illisibles à tous ces bouffons en quête d'arrière-monde.

    Le sac des trésors doit tomber du ciel. Où de la poche d'une tante. Mais le Diable n'a pas de tante. Dieu non plus. En finir, aller devant. La vie de Valentin fut courte, ils se souviendront d'un garçon droit. Strictement confidentiel. On ne peut maîtriser la masse que par la masse. Il ne maîtrise pas le Diable, faute de confiance en lui. Grand appétit de vie, mais sans force. A quand remonte sa dernière Messe ? Margarete s'y rend tous les jours. Lui pense que le monde a faim. Ca monte ce désir de tout détenir. Près des bûchers, des myrtilles, pour les sorcières, une verveine, du lys, elles se penchent contre les talus et personne ne connaît l'ordre de l'univers. La transformation du métal en or n'y change rien, la pulsion des corps, pourquoi l'on brûle des femmes, il n'a rien rencontré qui explique. Le jour où tous seront brûlés selon leur grade et leur mérite approche. Y penser ne sert à rien sinon occuper le vide par une science épinglée d'ambre et de mauve. Faust ne fait que broder son temps désespérément libre, comme eux, pour qui tout n'est que broderies dans ce jardin de plaisances cruelles. Il ne faut pas plaisanter avec ça. Les foyers de ces relations conjugales tenus par l'argent, la volupté et des loyers modérés. Le cynisme à dénoncer, toujours celui du prochain. Eve et ses serpents impurs, glissades parisiennes, quoi encore, de la fatigue, des ronflements. Comme une porte rabattue sur le pouce droit. Il veut sortir. Ca pue, c'est une femme, un homme, le domaine des besoins. Trop bref ? Il faut sortir de la calèche. L'époux avait laissé une jolie fortune. Les pigeons en cage s'ébrouent. Elle s'est vite consolée. Il y avait les enfants. Une belle bague et le chagrin s'envole. Un ange ou une crapule, le saint patron leur dit amen. Que diront les gens ? L'ombrelle oubliée, cercle des commères, ce qui les pousse n'est que pure volupté, même si drapée de noblesse, la culpabilité adjointe en option boomerang, on vous pousse à la tombe, le temps diminuant. Le convoi mortuaire s'ébroue dans l'étroite ruelle, la mort n'est jamais l'hôte désiré, tout cherche à la repousser, des chevaux aux insectes. Ce n'est jamais leur crime, mais celui de l'inconnu. Suivre les pas des invalides, cesser toute bêtise, moutonnier, tourner au moulin des hasards, pour de fausses contritions. Quel ennui que tous ces enterrements. Ils ne se connaissaient pas, ou à peine. Un Christ porté en diagonale barre l'horizon. Margarete vêtue d'une toge noire, sa moue est dégoûtée, la veuve n'éprouve aucun deuil. Tout ce qui vient de la terre y retourne, les cendres aux cendres, le silence au silence, une pelle, deux condoléances, retrouvailles, épousailles, dévoration du mirage. Les calèches s'éloignent, bordées par un soleil couché derrière la fôret insensible. C'est l'art de converser qui envoie en Enfer se dit-il, de la mandragore, une bardane, quelque chose pour faire beau, les civilités attendent. Prendre le petit chemin, qui ne mène nulle part, mais beau. Les gens convenables dorment dans leurs lits respectifs, les corbeaux bouffent dans les restes. Besoin de pain. La fin justifie leur venin, tout se dilate à l'écran, particules de lumière et de cendre confondues, il est d'usage de prier pour le défunt quelques jours après. La main de l'usurier est transpercée, devant la tombe d'un inconnu, Georg Hatzer. Il a tiré le lit à cause de la lumière. Visage inondé de soleil. Regard translucide. Qui semble ouvrir l'avenir. Où sont passés les tapis persans à 22%, l'horloge de Haendel, les punaises qui grouillent, la foire d'empoigne ? Ferdinand, coche, un Christ. Cinq vases perdus. Et eux, les vendeurs, démasqués tout à tour dans leur ignominie rampante. Ils perdent leur temps à nier. A se contester des bribes de vérité. La viande sèche pend au bout de crochets rouillés, les vaches défilent. Ce ne sont qu'ordures et miroirs. Le temps s'est enfui, ses trésors avec. Escroquerie des présences, pacte de la raison et de l'avide, une signature de sang, et Margerite offerte. Contrat caduque, en verrue de, en vertu de. Il lègue au porteur, lui, Heinrich Faust, son âme, après sa séparation naturelle, il n'a plus d'encre, le Diable lui trouve son sang qui suffira. A la bougie, trouver Margarete, emprunter ce chemin sous terre, sorte d'entrepôt pour âmes lâches. Tout n'y est plus que couvertures sédimentaires. Pensent-ils à se couvrir ? Une tisane ne peut plus rien, ni les bougies, pour réchauffer ce froid d'ailleurs qui emplit ses veines. Les fleurs s'allongent sous le souffle du tunnel. Faust est guidé par le Mal, débouche au lac où s'apprête à se noyer Margerite, ressac bleuâtre, verdâtre, il fait froid, les oiseaux pépient dans leur cage. Pouraquoi toute cette confusion ? Qui a fait ça ? Etres difformes à la fenêtre. Il lappe la vulve de Margarete. Les chats tournent autour. L'aiguille de l'horloge est tombée, le courant d'air semble le chasser, il hait les chats rusés et malingres. Camisole ou cuirasse, il faudra choisir, mais il manque de bravoure pour la liberté. Son hésitation presse la mort. A quoi bon fuir ? Ne pas naître est le plus grand bonheur, bien plus grand que celui de mourir. Piètre cavalier qui s'ébroue. Un soldat se doit d'aller vers son vertige, lui ignore tout. Heinrich, dit le puissant rampart, Mauricius, le sombre, renvoient leurs chevaux, se hâtent vers l'escalier qui mène au ciel, où ailleurs, voire nulle part. Pourquoi verser des larmes ? Où sont-ils ? Très loin et très haut. N'amusant plus personne. Leur respiration devient aisée. Quand le vin est tiré il faut le boire, mais nul ne se veut serviteur de l'autre. Maudites bottes? Torrent. Rien. A voir par soi-même. Il espère trouver l'univers dans son néant. Oubliés. Esseulés. Logés contre des pierreries. Rien à comrpendre que l'éternelle misère de morts plus désirables que les vies antérieures. Dépendances aux mères, caprices des soeurs, haine des frères, vexation par les faits. Tant pis. Ils doivent en ricaner sereinement. Le ciel est mangé par les roches. Margarete veut-elle être sauvée par quiconque ? Que veut Faust, un soleil, un homoncule, deux ? Tout demeure trop peu pour lui. Geyser, mirage ? Puits bouillonnant, contrôler les éléments, passer à l'action, morsure. Nul salut. Le silence bouillonne, trou insensé, les décisions ne s'appartiennent plus. Pouvoir, influence, matin, esprit, peuple, tout est bradé, scalpel ou non. Pacte signé avec l'usurier des ombres, qui le tient, là, perdu, son âme, il y a droit. Lapidation, le couvrir de pierres, lui exploser la face, il rit, jouit du massacre. Tireur du dimanche, tireur du dimanche. Qui lui donnera à manger ? Qui le sortira d'ici ? Râle sans fin de jouissance de mort. Fini. Comme si ça n'avait jamais été. Où aller ? Là-bas ! Plus loin.


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