Tournés vers la pierre
De nos solitudes à plusieurs
Nous feignons l'échange
A moitié vivants
Nous pourrions demander plus
Par exemple comment planter ce monde
Comme on plante du couteau une pomme
Ou comment ruiner l'amnésie du bonheur
A l'intérieur de nous
Des coeurs qui mutent en silex
Mille jours
Qui partent en vidanges
A côté du coin des choses
Nous tombons en morceaux
Défaits
Nous tombons en morceaux
Une enfance en bris épars
Son ombre sur les tempes
Et maintenant je nous vois
Maintenant je vous le dis
Plus près de la mort
Qu'une rose en Novembre
Je rêve d'une noyade dans des eaux écarlates
Pour toucher le fond
De cette ombre
Et recoller ces putains de morceaux
Faire la prise du siècle
Plus près de la mort
Qu'un écorché de Rembrandt
Tournés vers la pierre de nos solitudes
Nous feignons la vie
Nous pourrions demander plus
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Nous vieillirons lentement
Des orchidées noires dans les yeux
Nous mourrons différemment
Les yeux ouverts
Sur des objets qui se dissolvent
Dans l'indémontrable
Tordus et malades
D'avoir tout surestimé
Nous verrons l'enfance sainte
Qui clôture l'avenir
Alors nous descendrons au coeur de l'humus insituable
Tendrons des bras cruels et indéterminés
Prendrons confiance dans des corps de fortune
Gardant nos rêves
Pour Argent comptant
Ouvrant nos bouches
Vers d'autres Vous
Sans horizon
Et nous tenant dans nos ombres
Avalant la force
Du mystère haché
Allez
Assombrissons-nous
Dans la désertion et l'inaction
D'une extase invisible
impression que celle de susciter un texte pour un misérable commentaire perdu dans le néant virtuel. Très beau texte.