• Anomies.



    Le goût du poison s'excite devant la face de psychose sous naphtaline que l'Autre porte sur lui à leur place, telle une science maladive qui souille de déviations putrides le consensus mou de chaque déroute formellement assumée. Un diagnostic est établi, sans appel, non par les blouses blanches mais par le temps qu'il fait et c'est celui de l'anomie. Il n'y a plus de règles qui dictent cette conduite, plus rien qui ne vient structurer, ordonner les positions, seul un pathétique étalage lentement vindicatif se vomit stérilement comme une araison sans canons. Ne demeure que ce mépris d'atrocité enfanté par le ressentiment de bouches-clôturées crachant des paroles désorganisées sous la pluie de septembre. Catalepsie de supercheries qui s'entrechoquent et tintent sans faim contre les murs de silence que frôlent des ahuris béats de diversions nomades.

     

    Regard de truite avariée d'un adjoint Ump qui se dépose sur soi au petit matin, escorté par une cohorte de poulets rieurs mandatés par la Préfecture des petits riens. Maintenu par les poignets sous un léger crachin de Novembre. Ce ça dont il est question, il faudra l'évider font-ils rapidement comprendre. Nous avons vu plus de pourriture dans les rétines de ces proxénètes de molécules que dans le dernier reportage de Morandini ou l'anus de Fogiel. Ils ont pour dénominateur commun ce rictus sale qui pointe vers le bas. Cette fixité du regard qui ne trompe pas. Le pouvoir dont ils jouissent et savent exercer à foison innerve chacun de leurs mots, cette sorte de tintement de métal si caractéristique. Leurs pensées se couchent en ordonnances de charbon pour horizons croupis avec cette fausse mansuétude qui tremble sous leurs stylos comme un vers dans un fruit blet. Suborneurs de témoins avachis, ils t'inventent des délires de persécution pour mieux pouvoir fumer des cigares cubains en se faisant sucer par des apprenties infirmières au string apparent. Tout devient fictif, chaque silence est saturé d'obscurité et oblitère l'existence du détenu. Le préjudice commis semble indévoilable, paré qu'il est du sceau de la légalité. Et pourtant. L'aliénation déteint et à la fréquenter dès l'aurore, l'on constate qu'ils en sont l'acmé et la quintessence. Les blouses dites soignantes qui opèrent de force au coeur de prisons rebaptisées au noms de peintres décédés sont les cadavres des soignés, des pantins momifiés qui ne bandent plus que pour la contre-vie.



    Chaque journée consiste à résider dans l'inconsistance du dénuement.

    Gardes-chiourmes de l'informe qui vérifient que tes draps sont tendus façon caserne, que t'as changé de chaussettes, et chassé l'ambivalence de tes regrets quant aux actes reprochés, que va se dissiper au plus vite cet entre-deux malsain. Car si tu veux sortir mon gars, on va te faire chanter à base de « regrettez où on vous garde », mais moi je ne regrette rien, ni les fenêtres, ni les débris, ni les hurlements, mais tout avait un sens, certes  putassier, mais un sens infiniment plus dense que l'étendard du néant qui se profile entre ces couloirs de déréliction, et je resigne 700000 fois pour la même fracture chaotique, la même béance fugitive, le même élan de chaos, la même légitimité de révolte pure, seulement tu ne dois pas le dire, encore moins le penser, les comités d'évaluation t'inculquent la honte de tes actes, les impatiences des neuroleptiques dans le sang pour te faire cracher le morceau et admettre le pétage de plomb, que tu ne maîtrises pas tes pulsions, que c'est criminogène et à contrôler, que tu as un problème et qu'il est en toi et non en Eux.  Pavillon carcéral de fumeurs qui tournent sur eux-mêmes pendant des heures volées, chaque seconde te permet d'entrevoir la réduction de ton horizon. L'Etat décide de tes secondes. De tes vêtements, de ta nourriture et de ton sommeil. L'Etat de petits staliniens grisâtres et désincarnés qui vont t'apprendre à marcher droit, pas faire de vague, courber l'échine, dire « je regrette ». Enflures de prescriptions pour abysses neuronales. Les pros de la psyché ont tous un air de Doriot qui remonterait sur scène avec pour projet la  Neuroleptisation généralisée du marasme  occidental allié à l'autonomie sauvage de flux  capitalistes inorganiques et désincarnés au service de laboratoires dont le secret d'expansion se base sur la maillage toujours plus étendu des champs de conscience. L'aspect de malédiction et de déchéance qu'on découvre en ces lieux de camisole ontologique ne fait que dupliquer de façon souterraine ce qui se trame à ciel ouvert. Au fil des jours, toutefois, une forme de consécration se déplie à l'envers du dégoût, celle de  l'inexistence foncière des normes éthiques promulguées dans les assemblées où l'on cause, pense et représente. Ici, le droit n'existe plus, seule demeure une chapelle interne de vacuité dont la lueur accompagne fidèlement les siestes, les tentations de suicide et autres fugues stériles.

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    Extrait du roman "anomies", à paraître.

    « Déportation et Pyjama rayé.Atopie mondialiste »

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