• Déconstruction du projet mondialiste pour les nuls.

     

    L'atopie  dans son acception philosophique et non médicale, induisant l'idée d'absence de tout lieu d'apparition, de déracinement foncier pour le dire vite, semble avoir gagné, toutes les autres formes d'incarnations utopiques sont depuis longtemps jetées aux décharges de l'histoire  au nom des factures génocidaires de certaines et ne demeurent plus que dans l'esprit embrumé de quelques rêveurs New Age ou partis en overdose au fond de fermettes de Lozère. Il n'est plus question que d'absence aux devantures du paraître, d'individus atomisés et animés par l'esclavage matérialiste dont ils sont les pantins soumis. Toute forme de territorialité ne renvoie plus qu'à des fixations de hasard, aucune identification identitaire n'échappe au caduque. Il semblerait que cet arrachement à l'organicisme de départ des sociétés traditionnelles prétende libérer les êtres de leurs servitudes identitaires respectives, de leurs conditionnements arbitraires affectés par une nature totalitaire. C'est tout le projet des progressistes, des loges d'architectes à enveloppes de corruption sous le veston. Sortir de l'histoire reviendrait pour ces illuminés du progrès évolutif à établir un consensus terrestre établissant une démocratie universelle interrompant définitivement toutes formes de conflits. Bien sûr gérée par des oligarchies aux vues fort peu philanthropiques. L'empire américain joue un rôle prépondérant dans ce processus de nivellement généralisé visant à soumettre les résistances hétérogènes, les pôles historiques étrangers à sa puissance protéiforme. Sans source ni destination, l'individu ainsi "libéré" se voit confronté à une décapitation métaphysique de premier plan, à savoir privé de toute faculté de dépassement de lui-même. Réduit à une stricte survivance biologique digne d'un troupeau bon pour le parc à humains dont parle Sloterdijk dans son ouvrage "Règles pour le parc humain", Mille et Une Nuits, 2000. Aucune transcendance n'est possible sans une substance et une essence la précédant. L'alliance du machinisme, des flux migratoires instrumentalisés et des techniques de communication-désinformation-diversion accentue son travail de sape des résistances individuelles et collectives.

    Réduire le champ existentiel des humains à un désert assumant son absurdité acculturée par une homogénéisation à marche forcée des cultures sans autre forme de procès ne libère en fait de quoi que ce soit mais cristallise le rien de manière totalitaire. Le solidifie pour en faire une citadelle imprenable. Telle est la nature du projet mondialiste décrite de façon schématique. Détruire toute forme d'altérité authentique au nom des différences. Inversion dialectique involutive par excellence. Mais ces technocrates et autres oligarques (qui au passage visent toujours le même Or via la destruction des pantins qui ne sont même plus consultés pour leurs "réformes")  jouent aux apprentis-sorciers et devraient revoir leurs classiques en matière de films horrifiques, les créatures se rebellent parfois contre leurs créateurs, percevant confusément malgré l'abrutissement savamment distillé à travers tous les canaux de dressage subliminaux (médiatiques notamment) l'état d'appauvrissement existentiel dont ils sont les objets.


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  • Le goût du poison s'excite devant la face de psychose sous naphtaline que l'Autre porte sur lui à leur place, telle une science maladive qui souille de déviations putrides le consensus mou de chaque déroute formellement assumée. Un diagnostic est établi, sans appel, non par les blouses blanches mais par le temps qu'il fait et c'est celui de l'anomie. Il n'y a plus de règles qui dictent cette conduite, plus rien qui ne vient structurer, ordonner les positions, seul un pathétique étalage lentement vindicatif se vomit stérilement comme une araison sans canons. Ne demeure que ce mépris d'atrocité enfanté par le ressentiment de bouches-clôturées crachant des paroles désorganisées sous la pluie de septembre. Catalepsie de supercheries qui s'entrechoquent et tintent sans faim contre les murs de silence que frôlent des ahuris béats de diversions nomades.

     

    Regard de truite avariée d'un adjoint Ump qui se dépose sur soi au petit matin, escorté par une cohorte de poulets rieurs mandatés par la Préfecture des petits riens. Maintenu par les poignets sous un léger crachin de Novembre. Ce ça dont il est question, il faudra l'évider font-ils rapidement comprendre. Nous avons vu plus de pourriture dans les rétines de ces proxénètes de molécules que dans le dernier reportage de Morandini ou l'anus de Fogiel. Ils ont pour dénominateur commun ce rictus sale qui pointe vers le bas. Cette fixité du regard qui ne trompe pas. Le pouvoir dont ils jouissent et savent exercer à foison innerve chacun de leurs mots, cette sorte de tintement de métal si caractéristique. Leurs pensées se couchent en ordonnances de charbon pour horizons croupis avec cette fausse mansuétude qui tremble sous leurs stylos comme un vers dans un fruit blet. Suborneurs de témoins avachis, ils t'inventent des délires de persécution pour mieux pouvoir fumer des cigares cubains en se faisant sucer par des apprenties infirmières au string apparent. Tout devient fictif, chaque silence est saturé d'obscurité et oblitère l'existence du détenu. Le préjudice commis semble indévoilable, paré qu'il est du sceau de la légalité. Et pourtant. L'aliénation déteint et à la fréquenter dès l'aurore, l'on constate qu'ils en sont l'acmé et la quintessence. Les blouses dites soignantes qui opèrent de force au coeur de prisons rebaptisées au noms de peintres décédés sont les cadavres des soignés, des pantins momifiés qui ne bandent plus que pour la contre-vie.



    Chaque journée consiste à résider dans l'inconsistance du dénuement.

    Gardes-chiourmes de l'informe qui vérifient que tes draps sont tendus façon caserne, que t'as changé de chaussettes, et chassé l'ambivalence de tes regrets quant aux actes reprochés, que va se dissiper au plus vite cet entre-deux malsain. Car si tu veux sortir mon gars, on va te faire chanter à base de « regrettez où on vous garde », mais moi je ne regrette rien, ni les fenêtres, ni les débris, ni les hurlements, mais tout avait un sens, certes  putassier, mais un sens infiniment plus dense que l'étendard du néant qui se profile entre ces couloirs de déréliction, et je resigne 700000 fois pour la même fracture chaotique, la même béance fugitive, le même élan de chaos, la même légitimité de révolte pure, seulement tu ne dois pas le dire, encore moins le penser, les comités d'évaluation t'inculquent la honte de tes actes, les impatiences des neuroleptiques dans le sang pour te faire cracher le morceau et admettre le pétage de plomb, que tu ne maîtrises pas tes pulsions, que c'est criminogène et à contrôler, que tu as un problème et qu'il est en toi et non en Eux.  Pavillon carcéral de fumeurs qui tournent sur eux-mêmes pendant des heures volées, chaque seconde te permet d'entrevoir la réduction de ton horizon. L'Etat décide de tes secondes. De tes vêtements, de ta nourriture et de ton sommeil. L'Etat de petits staliniens grisâtres et désincarnés qui vont t'apprendre à marcher droit, pas faire de vague, courber l'échine, dire « je regrette ». Enflures de prescriptions pour abysses neuronales. Les pros de la psyché ont tous un air de Doriot qui remonterait sur scène avec pour projet la  Neuroleptisation généralisée du marasme  occidental allié à l'autonomie sauvage de flux  capitalistes inorganiques et désincarnés au service de laboratoires dont le secret d'expansion se base sur la maillage toujours plus étendu des champs de conscience. L'aspect de malédiction et de déchéance qu'on découvre en ces lieux de camisole ontologique ne fait que dupliquer de façon souterraine ce qui se trame à ciel ouvert. Au fil des jours, toutefois, une forme de consécration se déplie à l'envers du dégoût, celle de  l'inexistence foncière des normes éthiques promulguées dans les assemblées où l'on cause, pense et représente. Ici, le droit n'existe plus, seule demeure une chapelle interne de vacuité dont la lueur accompagne fidèlement les siestes, les tentations de suicide et autres fugues stériles.

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    Extrait du roman "anomies", à paraître.


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  • Déportation et pyjama rayé

     

    Quand on te déportait en HP, fallait enfiler un pyjama rayé, pour bien te signifier la dépersonnalisation induite par la dépossession de ton existence via quelque rature de Préfet spécialisé dans la collection d'images pédophiles. Puis direction la douche, y avait pas de gaz mais le rituel évoquait les trop fameuses putains d'heures sombres. Faut dire que quelques centaines de milliers d'internés avaient été exterminés pendant la seconde mondiale. Now on se contentait de tester diverses molécules, de te traiter en cobaye pour 0 euros avec aménité et respect. Piqûre dans le cul, langue immobilisée, regards de terreur, queues de chiens avides à l'heure des repas devant le réfectoire aux carreaux jaunes. Se familiariser avec un obèse mutique qui avait défoncé la porte du bureau de son patron à coups de hache quand tu t'étais contenté de poster une revue sataniste offerte par Marc-Louis Questenbaum à une cocaïnomane paranoïaque pour signifier ton dédain à l'égard d'une politique culturelle aux relents de pourriture à la Vergès demande un effort d'adaptation proche des circonvolutions serpentines.


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    Le secret de Vilnius

    Élégie pour une possession

     

     

    « Si l'amour n'était pas ce mélange insoluble de crime prémédité et d'infinie délicatesse, comme il serait aisé de le réduire à une parole !

    Mais les souffrances de l'amour dépassent les tragédies de Job...

    L'érotisme est une lèpre éthérée...»

    Emil Michel Cioran

    Extrait de Le Crépuscule des pensées

     

    Marie, Bertrand, un tournage à l'Est. Brisant le ghetto de ses propres peurs, il avait su, au moment de leur rencontre, bousculer le masque de son indifférence feinte, pour regarder en son cœur et tisser la connivence. Et elle avait ressenti ce dédoublement amoureux. Magie subite de l'attraction à quoi rien ne résiste. En lambeaux, leurs amertumes respectives s'écoulaient alors hors d'eux, les délivrant de leur être, propageant un soleil d’émotions sur les plaies de leurs passés défunts pour laisser place aux joies simples qui les dérobaient au sourire de l'effroi mortel. Ils se délestaient de tout état, laissant à nu comme prévu toute volonté d'empire, d'emprise, encore éloignés des entrelacs névrotiques. Il la regardait, déchirer ses oublis et rencontrer ses hasards. Rêveuse impénitente, sombre et studieuse, agitée et voilée de rires fugaces, éclairant sa face d'un espoir incongru. Ils pouvaient envisager l’avenir en état de grâce, bienveillants stratèges de l’émoi partagé, occultes et discrets, à bonne altitude, en altière position. À l'âme des feintes s'opposait l'essaim des beaux étés, auréolés de promesses adolescentes, accrochés à des voeux bariolés, ils pouvaient se débarrasser des pontons putrides, enjamber les cols livides, se déplier vers l'au dehors avec des mots qui embrasent, nichés dans cette courbure stellaire collée au coeur, ils pouvaient tout, bouffer des chardons jusqu’à la garde en fixant leur déraison dans une hilarité commune.

     

    Cantat aimait déjà le peintre figuratif Paul Bloas, artiste des fantômes, de l'éphémère et des ruines, luttait, se démenait contre sa propre déroute spectrale en demeurant connecté à elle. Ouverts et gardant leurs sourires pour eux, très légers dans une fraîcheur d'inconnu, ils avaient su traverser les larves de l'échec qui en ont décimé bien d'autres avant eux. Leurs chemins intimes faisaient autrefois des myriades de reflets nostalgiques et adolescents. Leurs songes de nuits paisibles et d’étreintes aux saccades de sortilèges se mélangeaient aux saisons de joie que le givre faisait fondre et dispersait aux alentours. Que d’épanchements bercés de danses sans chorégraphe !

     

     Quelques vagues étreintes plus loin au couchant, c'est à l'avant-poste de leurs conflits que le film va se déjouer, entre ces deux apatrides que plus rien n'amarre. Dans une désertion silencieuse, leur champ d'illusion s'est rétréci, on remarque la déception au coin de leurs regards, mais le tournage bruisse, les impératifs techniques prennent le dessus. Reste l'écume d'une relation qui se délite au fond d'un hôtel ouvert aux passages de l'impermanence. Le sablier des semaines égrène le fil de leur ensablement, échouant sur leurs causeries animées, qui s'enlisent dans un abîme divisé de coeur à cœur. L'alphabet qui régissait leurs signes de ralliement semble se disperser comme un vulgaire puzzle balancé en l'air par un gamin frondeur. Les artères de leur émoi se bouchent entre elles, leur pouls faiblit. Le couple s'ouvre le poitrail encore et encore, rien n’y fait. Ils ne parviennent plus à s'adoucir sous l'impact de la crudité factuelle, se mettent en pièces, sans théâtre des deux rives pour tout amortir. La fatalité de l'usure précoce s'infiltre en eux, laissant à la traîne leurs projets de fondations solides. Ombres portées d'eux-mêmes, ils se foudroient de mots perfides, s'éprouvent, se malmènent, se secouent, comme des pruniers malades sous un vent hostile. Glissant vers ce point limite qui fait imploser l’unité. Ils sont confondus, confrontés au grand décalage. Et rien ni personne ne peut plus s'y opposer, venir les arracher à ce déchirement intime, universel, vieux comme le monde.


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    Le groupe s'est toujours situé dans un rapport de force avec les puissants, refusant toute forme d'instrumentalisation, mais se pose toutefois la question de la légitimité d'une récupération de l'artistique au profit d'un positionnement politique, même quand il s'agit d'une politique sans bannière. N'y-a-t-il pas usurpation d'identité et imposture à se proclamer citoyen détenant une vérité suffisamment légitime pour être diffusée collectivement, en utilisant une notoriété qui amplifie par avance la prise de parole, ne la place plus sur le même plan que celle de Mr « Dupont » ?

     La dépolitisation de l’artiste et de la sphère culturelle plus généralement (bien que l'on puisse discuter de la neutralité réelle des productions contemporaines, qu'elles se veuillent transgressives ou conformistes, elles optent toujours consciemment ou non pour un camp ou un autre) est visée par la formation. Noir Désir propose alors de se rebeller contre le désenchantement des idéologies politiques au profit d'un positionnement de résistance et d'autonomie hors toute institution, avec pour projet une sorte de revitalisation de la socialisation, mais sans couleur idéologique précise.

    La défiance du groupe à l’égard des élus ne date pas d'hier, leurs critiques envers le maire de Bordeaux de l'époque fusaient souvent, mais ils ne tomberont jamais dans un poujadisme pur en insistant sur la nécessité de respecter la fonction du politique, de l'éthique publique. C'est donc la légitimité de l'engagement affiché auquels assistent, plus ou moins passifs, tous les consommateurs citoyens, devant ces prises de positions ostentatoires, qui se pose. Plus symboliquement côté artistes, mais aussi parfois concrètement par des financements personnels, une lutte pour une vision du monde et des valeurs qui devraient la régir. Tous en quête de respectabilité et de reconnaissance, notoriétés et politiques se disputent finalement le même public, starisés les uns et les autres par l'industrie du spectacle qui les déborde tous. L'intérêt de la vedette étant souvent plus proche de l'intime, de sa conscience et de son rapport à elle-même, quand l'élu se doit de répondre au projet commun. Lorsque Emmanuelle Béart ou Josianne Balasco s'indignent des traitements réservés aux sans-papiers, on est tenté de les renvoyer dans leurs sphères privées et de leur demander ce qu'elles font personnellement pour les héberger ? Le questionnement de l’artiste est parfois synonyme de pose et l'occasion de se donner belle figure à peu de frais. Le refus de tutelle que devrait nécessairement afficher le créateur face aux acteurs politiques et économiques dont s'est toujours targué Noir Désir peut se discuter quand on pense par exemple à la fameuse diatribe de Cantat contre son patron Messier. Indignation d'être pris comme caution par JMM d'un côté, ironie de celui-ci pouvant répondre qu'il finance la structure qui les paie pour vivre.

    Le rapport de force symbolique entrepris par le groupe et Cantat en tête envers Messier, le FN ou divers symboles condamnés a-t-il porté des fruits autres que d'image personnelle ? Même si le geste consistant à lire cette lettre à l'adresse de Jean Marie Messier lors des 17ème Victoires de la Musique le 9 mars 2002 demeure un moment d'anthologie, cette lettre est restée lettre morte, Messier n'a en rien changé sa politique d'entreprise.


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