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" Il doit y avoir une autre forme, plus moderne, du suicide, susceptible également de se combiner avec l'homicide. (...) L'état d'exacerbation où se trouve alors l'individu est tel que, pour se soulager, il lui faut deux victimes. Voilà pourquoi, aujourd'hui, un certain parallélisme entre le développement de l'homicide et celui du suicide se rencontre surtout dans les grands centres et dans les régions de civilisation intense. C'est que l'anomie y est à l'état aigu".
Emile Durkheim.
Quasiment huit ans jour pour jour après la tuerie du lycée de Columbine, en 1999, un forcené a provoqué une fusillade qui a fait 33 morts, le 16 avril, sur le campus de l'université de Virginia Tech, près de Laredo, dans l'État du Texas. C'est le plus sanglant carnage jamais commis dans un établissement scolaire aux Etats-Unis.
Jeune étudiant connu pour ses tendances suicidaires et ses écrits morbides, Cho Seung-Hui, un étudiant d'origine sud-coréenne âgé de 23 ans, en voulait aux riches, aux imposteurs, au monde entier. Il avait fait l'objet d'une enquête fin 2005, accusé du harcèlement sur deux étudiantes, et avait séjourné dans un hôpital psychiatrique lors d'une brève période. Dans un rapport daté du 14 décembre 2005, un 'expert médical lui attribuait notamment le profil de "mentalement malade, mais ne présentant pas un danger imminent pour lui et pour les autres à cause de sa santé mentale". Il le décrivait comme un être "incapable d'émotion", d'"humeur dépressive", "qui ne reconnaît pas les symptômes d'un désordre profond" .Le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis est à nouveau mis en cause. Le président George W. Bush a invité son administration à lui soumette des "recommandations" pour anticiper ce genre de massacre. Plus de 30.000 personnes succombent chaque année aux Etats-Unis à des blessures par balles. Son approche de la tragédie est centrée sur la santé mentale du forcené, il n'envisage pas de revenir sur la facilité de se procurer des armes pour tout citoyen de son pays, droit fondamental et historique garanti par la Constitution aux Etats-Unis.
Certains aspirent à renforcer la "loi Brady" qui impose que toute vente d'armes à feu soit précédée d'une enquête sur l'acheteur.
Le jeune homme a envoyé des vidéos à une chaîne de télévision le jour même de son action terroriste, aspirant clairement à s'inscrire dans l'histoire médiatique. Obsédé par une reconnaissance virtuelle. Désincarné dans le champ social. Il a fondé sa cause sur rien comme disait Max Stirner. Il voulait être puissance pendant quelques secondes ou minutes. Il lui fallait détruire. Détruire pour capter les ressources. Celles « qu'ils » ne lui avaient jamais accordées. Forcer le destin. Inscrire la trace d'une unicité quelconque. Décrocher une mort glorieuse. A leurs dépens. Prendre des galons dans le déshonneur et l'absurde des contingences. Ce serait pathétique et vain, il le savait. Le geste-massacre serait l'aveu de son désaveu. Ce serait entériner son rejet pour toujours. A jamais se faire doublure d'effroi. S'écrouler dans l'indignité. Loin des plages californiennes et de l'hédonisme qu'il percevait arrogant. Loin des réussites au formol couchées sur papier glacé. Loin des comptes en banques étoffés par l'obscénité et l'ignorance collectivement semée, si loin et pourtant si proche, totalement frustré et fasciné par ces artifices inaccessibles.
Dans cette interminable danse de duplicité quantique déversée sur les petites lucarnes à zapping qui proposent un monde par le petit œil de la lorgnette, un monde totalitaire de petitesse pour gens rapetissés, Cho Seung-Hui a voulu inscrire sa trace. Une trace empoisonnée. Une trace rageuse, enténébrée.
Ne sont-ce pas les lois laxistes sur le port d'armes qui lui ont fourni les munitions et la haine en provision ? Ne sont-ce pas de fausses valeurs qui l'ont rendu malade ? Les massacres récurrents dans ce pays n'ont-ils aucun rapport avec la grande suffocation planifiée par des médias qui substituent en lieu et place d'une liberté et d'une souveraineté humaine, à hauteur d'individu, des heures de vulgarité, d'obscénité et de violence esthétisée complaisamment ? Les lions dans l'arène romaine ont été remplacés par l'audimat mais l'hallucination organisée naît à la même source fétide. Le règne de la quantité a triomphé, il est le roi de ce monde marchandisé. Les taux de suicides qui battent tous les records occidentaux n'y changeront rien, l'avidité du Léviathan économico- « culturel » est dévoreur de jeunesse. C'est sur le cadavre de la démocratie que cet étudiant a tiré, c'est de lui qu'il est né, comme une inconsciente sécrétion. Et ce spectacle de délitement médiatisé, de déréliction civilisationnelle nous rend convives de l'impersonnel, nous fait boulevards désincarnés. Il tue le cœur et l'âme des spectateurs mondialisés à chaque seconde, rendant des cultes au grand Morose, à l'anéantissement de toute élévation humaine. L'Europe reproduisant toutes les dérives américaines avec une décade de retard, il faut s'attendre à affronter de tels phénomènes nihilistes dans les années qui viennent dans nos contrées à la remorque de cet empire aveugle à ses propres retombées sociétales.
http://www.dailymotion.com/video/x1r6mg_le-tireur-de-virginia-tech-sexprime
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Dans le tissu des soirs
Se forment en creux
Des clartés d'air
Des glacis de matins pluvieux
Alors on sent comme une limpidité dans le temps
Comme un déjà-vu d'enfance
Reflet de journées ciselées de bleu
Il suffirait d'un geste pour que la jonction advienne
Que des joies échevelées nous rendent un bonheur désormais voilé
Sainte récurrence qui se pose sur nos coeurs pluvieux
A l'aube qui se laisse effranger d'anthracite
Au centre de rayons caressants
Nos regards ensommeillés filtraient entre des ombres chinoises
Posées sur de sombres masses feuillues
Heures brûlées parmi les pensées en fleurs
Aurore veloutée contre touffeur d'été qui exalte d'odeurs d'humus naissant
Enfance translucide
Qui saisit d'un malaise inlassable les rejetés du commencement
Toutes les fenêtres de la mémoire ouvertes sur un désordre aérien
Formant les majestueux délabrements d'une embarquation en perdition
Baies d'espoirs découpées en arceaux sous des brumes fluides
Survolant la lourdeur verdoyante du lierre ancestral
Eclaboussures d'or
Fichées dans l'étoile
Je plie sur ton coeur
Aux courbes de calligraphies anciennes
Tu es dans la blessure
de cet automne
dans ces couloirs d'abandon
Dans la déchirure du temps
mémoire arrière
d'un temps déserté
par des mots-sable
et des pensées qui glissent
comme grains de sable
dans des allées désertifiées
des mots
empreinte derrière les pas
évanouissante à la vue
des iris
un lien à l'espace
délié de l'impénétrable
Embruns aux marées basses
dans la chevelure des femmes
Se dépose la fatigue dernière
Un passage comme si de rien n'était
Se remettre à pénétrer les faits de la vie
Sous un soleil aux nappes écarlates
A travers la fente ocre des pierres
Cétait le temps des chats gris
Qui striaient les allées
A la poursuite légère de quelques oiseaux furtifs
Mais toujours taraude ce noir profond
Qui ne fait que s'agrandir
Au milieu de toutes ces grandes choses offertes
Qui n'auront plus jamais lieu
Tenir l'espoir dans nos mains nues
Vers les chemins de traverse
Le liséré de lumière déposé
Sur des persiennes de hasard
Trait de lumière
Eclairant la pierre de nos coeurs
planant
Dans l'ardeur désirante
des bois pris
Dans la terre
Des choses simples
Qui imprègnent le tissu du vouloir
Alors qu'à hauteur de poitrine
La nuit tombe trop tôt
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Selon la thèse jusqu'à présent enseignée dans toutes les écoles et devenue implacable idéologie, l'homme proviendrait uniquement d'Afrique puis aurait ensuite émigré vers l'Europe et l'Asie. Une étude américaine, parue lundi 2 avril, infirme cette vision réductrice. Les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (http://www.pnas.orgwww.pnas.org/) ont produit le résultat de ses recherches, et ils concluent qu'il n'y a pas eu qu'une seule migration d'Homo sapiens venu d'Afrique orientale vers l'Europe et l'Asie, pendant une période de 25 000 à 65 000 années, aboutissant à la substitution des humains autochtones primitifs. Ces scientifiques théorisent une propagation génétique de l'Homo sapiens à partir de plusieurs foyers, en Afrique et en Asie. Cette pluralité de souches invaliderait donc l'unicité de l'expansion originelle. "La plupart des caractéristiques morphologiques correspondent à celles des humains modernes, alors qu'une minorité de traits s'apparente davantage à des hommes plus primitifs", précise Hong Shang l'un des coauteurs de cette découverte. Les chercheurs soulignent que "des ossements légèrement plus jeunes et ayant le même mélange de caractéristiques morphologiques ont aussi été découverts en Eurasie orientale".
Pour conforter leur thèse, ces paléoanthropologues s'appuient sur l'analyse du plus ancien squelette humain d'Eurasie jamais découvert. Découvert près de Pékin en 2003, dans la grotte de Tianyuan, à Zhoukoudian, il est constitué de trente-quatre fragments d'ossements. D'après les hypothèses des scientifiques, ce squelette daterait de 42 000 à 38 500 ans. Ces révélations infirment la théorie de la migration de l'homme moderne, ces ossements ouvrent des perspectives absolument novatrices aux chercheurs du monde entier tant sur le plan biologique qu'au niveau anthropologique. A plus longue échéance, cette étude pourra permettre de combler les gouffres qui émaillent la filiation entre les humains primitifs et les humains modernes en Eurasie orientale.
Pour Yves Coppens, l'Afrique demeure le seul et unique berceau de l'humanité (même si ses travaux moins médiatisés sont nettement plus circonspects, allez comprendre...). Il y a 500 000 ans, selon lui, le genre Homo habilis se serait répandu partout, sauf en Amérique et en Australie. Une glaciation aurait alors isolé l'Europe, où l'espèce aurait évolué de façon indépendante en donnant l'homme de Neandertal.
Il est également admis aveuglément que le prétendu berceau de l'humanité se situerait dans l'Est-africain, à l'Est du Rift, le long de la "corne" qui va du Kenya à l'Ethiopie. La découverte de Toumaï , au Tchad, invalide également cette localisation théorique, les chercheurs conformistes sont là aussi désavoués. Ne pas trouver d'animaux à 460 millions d'années ne démontre en rien qu'il n'y en pas eu ! Ne pas trouver de souches humaines antérieures ailleurs qu'en Afrique invitait à dire qu'il n'y en avait pas, c'est maintenant chose faite, mais il est envisageable d'en trouver ailleurs également, du jour au lendemain !
La recherche scientifique s'élabore aussi sur la foi, j'entends l'hypothèse encore indémontrable, l'intuition qui ouvre d'éventuelles perspectives qui peuvent être ensuite confirmées par les faits, et sans cette ouverture théorique la science s'enferme dans des dogmes (qui souvent mutent en idéologies). On ne cherche que ce que l'on espère trouver. Il faut préserver la science de cette subjectivité rétrécissante. Le monogénisme est une hypothèse parmi d'autres, rien de plus. Stephen Jay Gould le paléontologue américain, envisage par exemple plusieurs apparitions de vie distinctes tout au long de l'histoire de la vie terrestre, donc la diversité des lignées. Il s'est également opposé à la vision adaptationniste primitive qu'il critique au profit du hasard dans l'évolution.
Toutefois, si ces révélations se confirment dans le temps, elles posent des problèmes scientifiques nouveaux, car le polygénisme se concilie fort mal sur un plan théorique avec la très faible variablilité de l'ADN humain (0,1%) et avec l'interfécondité qui caractérisent fondamentalement l'espèce humaine. L'unicité biologique de celle-ci est établie, et le polygénisme ouvrirait une complexification accrue quant à ce processus final. Il n'y a donc encore rien de conclusif. La thèse du polygénisme accentue paradoxalement la nécessité d'envisager des métissages multiples durant cette période. La simultanéité de souches distinctes implique une "réunification" par métissage.
Il est bien question de l' Homo sapiens et non de l'Homo erectus, dont l'apparition en Afrique est toujours d'actualité.
Les implications philosophiques et éthiques de cette question sont importantes. Car le monogénisme présente dès son origine un arrière-fond métaphysique, à savoir l'unicité absolue du genre humain, thèse défendue par tous les monothéismes (qui en tirent le principe du couple humain primordial et du péché originel en option). Cette croyance, d'origine biblique, fait écho à la «nature humaine» ainsi qu'au caractère accidentel, voire imaginaire des différenciations ethniques originelles.
Une vision du monde multicommunautariste, multiculturelle, pluriethnique et multipolaire pourrait retrouver une éventuelle légitimité ontologique tirée de ces découvertes. Le mondialisme s'appuyant lui sur une vision unilatérale et ethnocentrée du genre humain.
Les dangers et volontés conflictuelles que l'on pourrait tirer de ces travaux sont multiples, notamment l'instrumentalisation au profit d'un darwinisme social, racial ou culturel.
Ces recherches peuvent également favoriser les théories différentialistes qui impliquent la conception d'attitudes et de comportements émanant d'appartenances particulières et non universelles. Cette essentialisation des identités est déjà à l'oeuvre à travers le communautarisme, le régionalisme et l'ethnisme (doctrine selon laquelle l'identité ethnique est première dans l'ordre des modes d'identification d'un sujet).
Un relativisme éthique et culturel se nourrit de cette vision pluraliste de l'humanité.
Le droit et même parfois le devoir de différence sont susceptibles de déboucher sur le conflit de type xénophobe dans une application négative, mais peuvent aussi ouvrir sur des modèles multiculturalistes, impliquant des statuts et traitements différents en fonction des diverses appartenances identitaires.
Si des communautés humaines autonomes ont au stade de l'homo sapiens existé, c'est une invitation à réévaluer absolument toute notre vision du politique qui en découle, une ouverture à plus de considération pour le principe de singularité, de différentiation et au final de diversité naturelle à rebours du processus d'uniformisation libérale et capitaliste en cours sur toute la surface du globe.
L'hétérophobie (rejet de la différence en tant que telle) est mise à mal par ces révélations.
La mixophobie également (phobie du métissage), la croyance en des lignées absolument pures étant depuis longtemps invalidée sur le plan anthropologique.
Mais un certain universalisme étriqué ne sortirait pas indemne non plus, celui qui aspire à des valeurs, des normes culturelles et comportementales unifiées et unilatérales.
L'idéal d'une civilisation transculturelle unique et radicale est mis aussi en cause par ce travail.
En l'état actuel des connaissances, le mythe fondateur de l'apparition du genre humain demeure à construire à défaut d'une claire connaissance des conditions exactes de son avènement.
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Je me manque
Au tournant des amnésies
Quand Je me lance
Que Tu te pares
Qu'il se gausse
Nous faisant averses
Vous déversant vos moi
Elles acérant l'état
De nos conditions en alluvions
A même le sol du peut-être
Me donnant la tourmente
Du « je me manque »
Descendre l'automne
Vers les contrées de guignol
Dans un brouhaha de bal masqué
Descendre dans la buée des chemins
Vers l'effroi stellaire des épines dorsales
Dans un rire de kermesse
Juste porté par les trombes du familier
Ebranlé par un violent cahot
De chasse quantique aux aurores
S'éprendre d'un Je printanier
En instance d'absolu
L'absolu reflue
Mutant en un déluge
De vieilleries ciselées
Assurant la jubilation
De nos égarements
Le tumulte planté au front
Et l'humeur brève
Collée au coeur
Tourne les talons
Aux gelées précoces
Le baluchon dénoué
Fuis les palais d'injustice
Tout le magma grégaire
Où le rance s'attarde peu à peu
Fait déborder tes cieux
Avec une franchise de bord de mer
A portée de nuit
Les yeux tendance primevère
Les veines gorgées de vie
T'offrant à tout ce qui t'est échu
De l'illisible
La promiscuité de l'illisible
Dans le rebut anonyme des embruns pâles
Se jette et déploie l'immersion lente
A l'angle d'un rêve béat
Ma soeur atlantique
Se voulant fille des tempêtes
De fait blottie informée
Par les hachures de l'angoisse
Fille de nostalgie
En rade sur les quais du périssable
Fille d'un soir nu
Vive rougeur
Aux fêlures bues
Je consomme ton gisement
Et me fais doublure de tes chutes
Est-ce vous là ?
Près du creux
Où s'apprennent les cicatrices
Est-ce vous sur cette bordure de crépuscule
Dansant avec des pas d'ange piégé
Est-ce vous
Coiffé d'un air fantôme
Une rivière déchue à l'épaule
Est-ce vous?
Sous les branches de l'introuvable
Des farandoles désinvoltes
S'allient aux herbes neuves
D'une nature faisandée
Et nous
Livrés aux aguets
Ciselés par l'attente
Nous suspectons l'hiver
De transiger avec le rien
Ruelles initiales
Où gravitent les ombres
De nos passés gravats
Faisant frémir
Les petits jours murmures
Pris au collet
Par une foule ahurie
Prendre congé du fumier
Et se confier aux ornières
Enrôlés captifs
D'un jeu oblitéré
Qu'animent des combats poussière
En direct
Du très fameux
Désastre inanimé
Quand tout s'achèvera
Balisant l'hécatombe
Des pressentiments satinés
Quand tout succombera
Sous le poids du défiguré
Enfin se dessineront
Des talismans à téter
Sous l'altitude injustifiée
Nomades sur Vénus
Ils décapitent
La dialectique
Pendant qu'en zigzag
Défile la fière Maya
Le silence oppose son retrait
Procurant tous les pardons
Fédérant des messes placides
Investissant l'en deçà
Pliant bagages et tirant rideaux
Plus qu'à se taire
A l'Est Gisant
Se libérant légère
L'aube paresse à la crête des soirs enfuis
Baisant les jointures noires de retraites pluvieuses
L'aube caresse les grappes d'envies
Couturées à plein ciel
Vitre baissée sur le ravalé
Bataillant à l'écart du tout
Volage sans adresse
Je dis qu'à petit feu
Le danger se colle à mes pas
Et le traquenard vient
S'offrir souterrain
Au revers de mon émoi
Annotant l'oublieuse mélancolie
Une rumeur fardée
Remonte le long de la nuit frémissante
Sur des chardons étincelants
S'écoule en flaques d'obsessions étoilées
Enfin
A contre-voie pose des masques
De contre vie
Le tumulte à plein visage
Va Consteller le tranquille compact
De convulsions joyeuses
Comme des galops
Fichés dans l'obscur
Etoffe atone
Au tournant muet
Tout se défait en rigoles de joie
Qui s'élancent vers des précipices de rétines
Pour cieux cloutés de manques
Surplombant des vouloirs hérissés
Songeant à sonder
Les traces de sourires
Dans l'entredeux
A quoi rime
Que l'on poursuive
Les partis pris
En vers opaques
Sans doute à provoquer
Des prémices de sauvagerie
Au gué
La matière geint
Son infrastructure nerveuse
Enseveli l'en soi
Tout larynx ouvert
Formant alors une déploration ailée
Dont se réjouissent
Les lourds paquets d'affection au chômage
Enamouré du boueux
Je m'en vais glaner des sorts
D'une allure brève
Et d'une humeur de broussaille
Le coeur borné d'incendies
Perclus dans la besace d'un temps hirondelle
Je m'en vais glaner des sorts
Des pensées qui affleurent sous les courants contraires
La rapide genèse de nos existences se poursuit là où vont les ombres silhouettes
Tantôt striée de lumières
Tantôt robe funèbre
Se faisant sillage de choses
Vêtue de lourds présages
La rapide genèse bientôt close
De nous fera des anomalies
On se fait l'âme bouffie
Sur les vitrines à joujoux
Les ombres glissent tard
Devant l'avenir feu follet
Qui méthodique
Enflamme la matière des nuits fériées
A coeur vide
Prendre la rage au galop
Saoul submergé d'essences infectées
A corps muselé
les éboulements se profilent
Prenant un air de chaos qui fait allégeance aux saccades ruisselantes
D'une magie sanctifiée parce qu'inutile
Avec aux pourtours de la vision
De claires vaguelettes
Pour écouler
Cette drôle de vacuité
qui ouvre la vanne aux poisons spasmes
D'où jaillissent alors le grand fracas
Et ses champs primitifs de disciplines célestes
Aux myriades d'abreuvoirs alimentés par l'inondation
De l'impossible ressac
C'est ça:
Désespérément de ce monde
Mais à quelle braise
Se réchauffer l'âme exsangue
Vers quels jardins
Se retourner les sens
A qui, à quoi marchander des prétextes qui tiennent
L'entrebâillement du rien
Un chemin de traverse manque
De franches descentes font défaut
Alors plus qu'à hoqueter les miettes d'enfance
Coincées au fond du gosier
Il n'y a plus
Qu'à commenter le profil des chuchotis
Car la notice de tout est délavée
Et la cérémonie des nerfs vifs
Bat son rappel d'abandon
Entre moi et soi
La serre au faux s'est refermée
Aucune réplique à opposer
Aux redites sérielles
Les jours lilas ne sont plus vraiment là
Et toute façon d'avancer
Sent le caduque
Quand la nuit
A laissé sur la nuque
Le poids d'une impasse
Le déploiement des plis rêvés se brouille
Quand l'entropie à 13h32
A éteint tous les feux
Il n'y à plus qu'à tirer les draps
La veilleuse des idées mise sur off
Le familier en crue
Malfaçons à la ronde
Répliquez que vous fûtes ceci ou cela
L'absurde a déjà tout coagulé
Dans l'estuaire de vos restes d'impasses en pagaille
Ebouriffés par le temps
Nous stationnons criblés d'ennui
Sur la place dévêtue des rires enfuis
Avec l'amertume légère
Et les iris au vent
Attendant que la nuit couve
Du vivant pas trop effiloché
Ci-jointes
2, 3 ruminations balnéaires
Une halte coupe-vent
Un glacis d'eaux mortes
Et quelques gifles tièdes
De renoncements hivernaux.
Au pourtour propice
Capter les flâneries comme des grâces
En s'étendant à l'horizon
Pour fumer des réserves de pourquoi
Laissant s'ouvrir béate
L'enveloppe ou s'est déposé
Ce quelque chose faisant identité
Guetté
Par les précipices d'Octobre
Comme une pousse fébrile
Tu vaques aux alentours
D'heures allongées
Par les plaies du ressouvenir
Dans les glacières du rien
On accumule, on s'entraîne
Toujours on se perd
Debout couché
Enflé cruel
Avec sa semence perdue
Au creux de l'insituable
A rebrousse temps
Hérissé d'on ne sait quoi
Le corps imbroglio
En quête panique
D'appuis certains
Germe outre-tombe
Dans l'humus métamorphosé
D'une vie inconstante
La chair remue encore
Au son de rêveries cadenassées
Par des ballets ancestraux
Nous faisant fossiles de nous-mêmes.
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Saignée à vide
La présence des voisins
Eclaboussait les allées du soir
D'un ton ocre et morne
Aux alentours, s'écoulait un plan d'eau vive
Aux mille sources charriant le même contraint
Sous les branches du parc cousin
L'indifférence se diffusait mollement
Emmêlée aux racines du regard comme un assemblage minéral
Buvant les voisins à l'envers
A l'endroit inhabité où les vies s'annulent
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Heidegger, la pensée interdite ?
Emmanuel Faye en bon épurateur moderne, affirme dans son ouvrage fort riche toutefois en révélations, "Heidegger, L'introduction du nazisme dans la philosophie", (ed. Le livre de poche 2007) qu'il faudrait cesser de l'enseigner, en tout cas en tant que simple philosophe, mais qu'il doit changer de rayonnage et passer de la philosophie à l'histoire du nazisme. Philosopher sur le nazisme de Heidegger est légitime, vouloir réduire tout son apport philosophique à son engagement nazi est une approche partiale et orientée.
Suite à la traduction de cours encore inédits en France ( 20 volumes liés à ces cours plus 7 volumes de notes) liés à la période 33/44, Faye affirme que toute la pensée de ce philosophe au fondement d'une réévaluation de la métaphysique occidentale si singulière et pour l'heure inégalée ne serait qu'une entreprise raciste. Hannah Arendt, Hans Jonas, Herbert Marcuse, Leo Strauss, Rudolf Bultmann, Medard Boss et toute l'École de Daseinsanalyse, Henry Corbin, Jean-Paul Sartre, Jean Beaufret, Maurice Merleau-Ponty, Emmanuel Levinas, Jacques Lacan, Michel Foucault, Jacques Derrida, Paul Ricœur, mais aussi Panikkar en Inde, les dissidents tchèques groupés autour de Jan Patočka ( dont le président Havel), l'École de Kyoto au Japon, ou encore des poètes et artistes tels que Paul Celan, René Char, Georges Braque, Simon Hantaï, et d'autres individus irréprochables de lucidité seraient donc tous au choix des idiots ou des complices d'une idéologie criminelle et Mr Faye le grand procureur démocrate qui ouvrirait les yeux ébahis des pauvres lecteurs que nous sommes. Caractériser une pensée est une tâche fort ardue quand cette pensée est si riche et complexe que celle de Heidegger. Il est indéniable que celui-ci a travaillé sous le régime nazi en tant que recteur d'université (comme Sartre faisait jouer ses pièces sous l'occupation). Il est avéré qu'il a fait plus qu'accompagner le cours des choses mais a éprouvé une fascination pour ce processus historique qu'il prenait pour une révolution offrant un horizon métaphysique authentique. Nourri comme ses contemporains de romantisme et de nationalisme, le bon martin a formulé des propos clairement compromis à l'égard de ce régime.
Faye précise les raisons de son indignation :
" Et, là, j ai apporté trois ou quatre volumes. Dans cette Gesamtausgabe, nous avons les cours que Heidegger a professés de 33 à 45. Cela fait 20 volumes. Et ces cours, sous des titres d'apparences philosophiques, comme par exemple La question fondamentale de la philosophie ou bien De l'essence de la vérité ou bien Logique, ce sont des cours qui tout à fait ouvertement, explicitement, font l'apologie de la Weltanschauung du Führer, de la vision du monde du Führer, comme transformation radicale pour l'homme. Ce sont des cours qui exaltent la communauté völkisch du peuple allemand sous la Führung hitlérienne. Et voilà donc que Heidegger, après sa mort, a fait le plan d'une oeuvre telle que tout cet enseignement se trouve aujourd'hui présenté comme philosophique. Et là, je ne suis pas d'accord. C'est là où j'ai un point d'arrêt. Je dis que, pour moi, ces cours ne sont ni dans leur fondement, ni dans leur expression, philosophiques. Si on les inscrit dans le patrimoine de la philosophie du 20e siècle, c'est extrêmement dangereux. On en voit vraiment des effets parce que des auteurs comme Nolte ou Tilitski en Allemagne ou d'autres en France comme Beaufret et quelques autres, des auteurs qui, justement, reprennent cette oeuvre sans aucune distance critique, arrivent à des positions d'un révisionnisme radical."
Sans le mondre repentir ou amendement, Heidegger a été nazi, sa pensée n'a offert aucune résistane à ce courant et a même parfois épousé ses contours et fourni des armes théoriques pour celui-ci. Pour autant, sa philosophie ne peut aucunement être réduite au nazisme.
Sa critique de la technique, du capitalisme, de l'obscurcissement du monde, de la.décadence spirituelle, de la rupture avec la nature, l'opérabilité de l'être réduit à une marchandise absolument totale, la technique dépossèdant l'homme via une métaphysique de la subjectivité perçue comme racine de la modernité déshumanisante, toutes ces problématiques sont plus que jamais d'actualité et sa pensée demeure utile et vitale pour en comprendre les tenants et aboutissants. Il faut donc lire et relire Etre et Temps, des Chemins qui ne mènent nulle part, Acheminement vers la parole, Essais et conférences, la Lettre sur l'humanisme, des Questions, Qu'est-ce qu'une chose et tout le reste de son oeuvre qui ne doit aucunement changer de rayonnage.
"Mais là où il y a danger, là aussi Croît ce qui sauve" écrivait Hölderlin. La pensée de Heidegger est dangereuse comme l'était celle de Nietzsche qu'il a en quelque sorte prolongée. Mais ce danger, justement, il le pensait :
« Le mal n'est pas ce qui n'est que moralement mauvais, surtout pas un défaut et manquement au sein de l'étant -, mais c'est l'Être lui-même comme dégondement et méchanceté. »...
« Mais le danger s'annonce-t-il déjà par là comme le Danger ? Non, Périls et urgences pressent de toutes parts plus que de mesure les humains à toute heure. Mais le Danger : l'Etre se mettant lui-même en péril dans la vérité de son être, y demeure voilé et dissimulé. Cette dissimulation est ce qui du danger y est le plus dangereux. »
Le ton parfois apocalyptique ("invasion du démoniaque") qui orne la pensée de Heidegger est selon moi de type gnostique, sa théologie d'un être inital, source de tout sens, subissant une altération qui affecte le monde qui en est le résulat, à savoir règne de l'aliénation. L'homme est perçu comme participant de l'être et de l'étant, le néant néantise, l'être est le néant, sa source demeurant voilée et emportée dans le flux temporel, ce fameux "être là", pendant que l'homme doit aspirer à la résolution de la différence ontologique (entre l'être et l'étant), qui ne passe pas par la conscience mais par "l'écoute éclairée", sous peine de tomber dans l'inauthenticité. Ce qui meurt authentiquement est au contact de l'être, le reste périt. Seul meurt ce qui affronte l'être, les autres disparaissent. L'occasion d'échapper à la fatilité de la modernité (usa-russie de l'époque) passe par l'historialité de l'être, par la possession du peuple, par l'eros du peuple pour le soumettre à une organisation authentique. Toutes ces propositions ne sont pas de l'ordre du rationalisme occidental mais bien d'une gnose singulière.
« La mise à l'écart dont je suis l'objet n'a au fond rien à voir avec le nazisme. On subodore dans la manière dont je pense quelque chose de gênant, sinon même d'inquiétant ; qu'en même temps on y prête tant d'attention n'en est qu'une preuve de plus."
Martin Heidegger, Mis à 1'écart (1946)
(Traduction inédite de François Fédier)
Cette oeuvre philosophique est vitale car elle pose une inquiétude essentielle sur le sens de l'être, sur celui de nos possibilités techniques et des mutations qui vont caractériser l'avenir de "l'humain".
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